XLVII - La vestale Claudia (an de Rome 548-549)

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Dans le temps qu'Annibal dévastait l'Italie, les Romains consultèrent les livres des sibylles, et firent apporter de Pessinonte (1) la statue de la mère des dieux. En remontant le Tibre, le vaisseau sur lequel on l'avait placée s'arrêta tout à coup au milieu du fleuve, et nul effort ne put le faire avancer. On consulta de nouveau les livres des sibylles, et l'on y lut que la main d'une femme très chaste pourrait seule le mettre en mouvement. Aussitôt la vestale Claudia, faussement soupçonnée d'avoir commis un inceste, conjure la déesse de la suivre, si elle connaît son innocence. Après cette prière elle attache sa ceinture au vaisseau, et le tire vers le rivage. Nasica, qui passait pour le plus vertueux de ses concitoyens, reçut dans sa maison la statue de la mère des dieux, et y garda un hôte si auguste jusqu'à ce qu'on lui eût élevé un temple (2).


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(1)  Ville de Phrygie, auprès de laquelle était tombée du ciel, dans un champ, une pierre que la superstition des peuples leur fit prendre et adorer pour la mère des dieux. Sans doute ce n'était pas la seule fois qu'un tel phénomène était arrivé. Depuis on l'a vu se renouveler de temps en temps. On peut consulter à ce sujet l'ouvrage de M. Izarn. On y apprendra que la déesse de Pessinonte n'était qu'une pierre atmosphérique.

(2)  J'ai suivi ici les leçons de Schott, de madame Dacier, de Pitiscus et de Juncker, dans lesquelles on lit, simulacrum matris Deum, dum templum aedificatur, Nasicae qui vir optimus judicabatur, quasi hospiti datum. Arntzen a adopté la suivante qui se trouve dans de vieilles éditions, simulacrum matris Deum adduxit, templum aedificavit Nasica qui vir optimus judicabatur. La raison qu'il donne de sa préférence, c'est qu'il craint que la première leçon ne renferme une glose de copiste : mais il aurait dû remarquer que, selon Tite-Live, ce ne fut pas Nasica qui bâtit un temple à la mère des dieux ; mais les censeurs Livius et C. Claudius.