LX - Aulus Hostilius Mancinus (an de Rome 616)

Chapitre 59SommaireChapitre 61

Aulus Hostilius Mancinus étant préteur (1) partit pour continuer la guerre contre les Numantins, malgré les auspices et une voix inconnue qui le rappelait à Rome (2). Arrivé devant les murs de Numance, il résolut de rétablir la discipline dans l'armée dont Pompéius (3) venait de lui remettre le commandement. Afin d'y réussir, il la fit décamper, et la conduisit dans une plaine solitaire. Il arrivait par hasard, ce même jour, que les Numantins célébraient les noces de leurs filles. Deux rivaux prétendaient à la main d'une d'entre elles, remarquable par sa beauté. Son père la promit à celui des deux qui lui apporterait la main droite d'un ennemi (4). Les deux jeunes Numantins partent à l'instant. Ils prennent le départ de l'armée romaine pour une fuite, et retournent en avertir leurs concitoyens. Les habitants de Numance ne perdent pas de temps ; ils sortent au nombre de quatre mille, et taillent en pièces vingt mille Romains. Après ce revers, Mancinus, par le conseil de T. Gracchus, son questeur, se soumit par un traité à toutes les conditions que les ennemis voulurent lui imposer. Le sénat refusa de ratifier ce traité honteux, et livra Mancinus aux Numantins, qui ne voulurent pas le recevoir. Il fallut consulter les augures, pour qu'il fût admis dans le camp. Quelque temps après, il sortit du consulat pour exercer la préture (5).


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(1)  J'avais lu consul dans quelques-unes des éditions antérieures à celle de 1733, où on lit praetor. Cette dernière leçon, de l'aveu même de Schott, est conforme à celle des anciennes éditions, et se trouve dans quelques manuscrits. Il paraît qu'Aurelius Victor a composé ses ouvrages de mémoire ; ce qui l'a nécessairement entraîné à quelques méprises. Nous remarquerons ici que les Mancini d'Italie, famille d'où est sorti le cardinal Mazarin, se prétendaient issus de ce Mancinus.

(2)  Voici à ce sujet les paroles de Florus : Conscendenti in navim, ut in Hispaniam proficisceretur, accidit audiri, mane Mancine. Auspicia tristia fuisse probatum est. Epitom. Ch. 35.

(3)  Dans presque tous les manuscrits, et dans les anciennes éditions, on lit Pompeii au lieu de Popilii ; c'est une erreur, car Popilius succéda à Pompeius, et remit le commandement de l'armée à Mancinus. Aurélius Victor n'est pas le seul qui ait pris l'un pour l'autre ; on peut encore citer Eutrope, Florus, et Velleius Paterculus, si toutefois on doit préférer le témoignage d'Appien à celui de ces quatre historiens.

(4)  Les anciens avaient coutume de ne donner leurs filles en mariage qu'à des jeunes gens qui s'étaient distingués par une belle action. On sait que Sa|l, roi d'Israkl, promit sa fille à celui qui tuerait le géant Goliath.

(5)  Voici encore une faute, conséquence de celle que j'ai indiquée plus haut. Mancinus fut préteur en 573, consul en 616 ; différence de 43 ans.