LXV - Tiberius Gracchus (an de Rome 618 à 621)

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Tib. Gracchus était petit-fils de Scipion l'Africain du côté de sa mère (1). Il était questeur en Espagne lorsqu'il donna son consentement au traité honteux, conclu par Mancinus avec les Numantins. Il évita par son éloquence le danger d'être livré comme lui aux ennemis. Nommé tribun du peuple, il porta une loi qui défendait à quelque citoyen que ce fût de posséder plus de mille arpents de terre (2). Comme son collègue Octavius s'y opposait, il l'obligea par une violence inouïe jusqu'alors d'abdiquer sa charge. Ensuite, il fit publier la loi relative à l'héritage (3) du roi Attale, laquelle ordonnait qu'il serait distribué au peuple romain. Le terme de ses fonctions de tribun étant expiré, il voulut les continuer, et se rendit à l'assemblée du peuple. Comme les auspices lui étaient contraires, il prit le chemin du Capitole, portant sa main à sa tête, comme pour avertir le peuple du danger qui le menaçait. Les Patriciens s'imaginèrent que, par ce signe, il demandait le diadème. Dans cette circonstance, le consul Mucius ne faisant rien pour étouffer le tumulte, Scipion Nasica se fit suivre de tous ceux qui avaient à coeur le salut de la république ; et, s'étant mis à poursuivre Gracchus jusqu'au Capitole, il le tua (4). L'édile Lucretius jeta son corps dans le Tibre, et pour cette action fut surnommé (5) Vespillo. Pour soustraire Nasica à la vengeance de ses ennemis, le sénat le chargea d'une mission en Asie.


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(1)  La célèbre et vertueuse Cornélie.

(2)  La plupart des éditions que j'ai consultées portent quinginta. J'ai suivi la leçon d'Arntzen, parce qu'elle est autorisée par les manuscrits.

(3)  On lit familia dans le texte. Ulpien, tit. de verb. signif., donne deux significations à ce mot, celle des choses et celle des personnes. Ici, il faut entendre les biens qu'Attale, roi de Pergame, et fils d'Eumène, laissa en mourant au peuple romain.

(4)  Tib. Gracchus fut tué par L. Saturninus et Rufus, d'après l'ordre qu'ils en avaient reçu de Scipion Nasica.

(5)  On appelait vespillones ceux dont le métier était d'ensevelir les morts. Ce mot vient de vespero, parce que ces hommes n'exerçaient leurs fonctions que le soir, et après le coucher du soleil.