© Agnès Vinas |
Joan Mestre i Bosch (1824-1893) - La soumission du Wali de
Majorque à don Jaime I (1878)
Peinture à l'huile - 300 x 185 cm
Sanctuaire de Sant Salvador, Artà (Majorque)
Cette peinture à l'huile se trouve actuellement dans le
sanctuaire de Sant Salvador qui domine la petite commune
d'Artà à Majorque. Si le premier sanctuaire
remonte au XIIIe siècle, l''église actuelle est de
style néo-classique ; elle a été construite
au début du XIXe siècle après une
épidémie de peste ; sa nef est
décorée de sept cadres de grand format,
donnés par don Rafael Blanes Tolosa en 1927, dont celui
de Joan Mestre i Bosch.
La scène illustre le paragraphe du Livre des Faits
(§ 87) que Jaume consacre à la soumission
d'Abû Yahyia, le 31 décembre 1229 : « Ils
nous menèrent à la maison où se trouvait le
roi : alors moi et don Nuno nous mîmes pied à
terre, en armes, et nous entrâmes dans la maison. Il y
avait là trois eixortiquins [gardes] avec leurs
atzagaies [lances]. Quand je m'approchai de lui, il se
leva dans son manteau blanc, mais sous ce manteau il portait une
cotte de mailles, et dessous, une chemise de xapsir
[satin] blanc. Je lui fis dire en arabe, par un des hommes de
Tortosa, que je lui laisserais deux chevaliers et des gens
à moi, et qu'il ne devait rien craindre : puisqu'il
était en mon pouvoir, il ne mourrait pas »
(traduction Vinas).
Une telle composition permet de comprendre pourquoi le sujet de
la soumission du wali est particulièrement
prisé par les artistes des XIXe et XXe siècles :
il leur offre la possibilité de travailler
simultanément plusieurs thèmes picturaux :
- L'expression de la puissance du vainqueur, avec sa haute taille, les soldats qui l'entourent et les objets symboliques qui l'identifient immédiatement : cimera au dragon et étendard aux armes catalano-aragonaises.
- La soumission du vaincu, autre thème majeur, traduite par son attitude courbée vers l'avant.
- Mais l'épisode intéresse aussi les artistes pour les possibilités qu'il offre en matière de couleur locale : architecture, objets décoratifs (tapis et lampes), amples costumes drapés dont le moelleux s'oppose à la dureté du métal qui habille les vainqueurs de la tête aux pieds.
Comme souvent dans les grandes compositions de la Renaixença, le pittoresque et l'attention aux détails de la scène de genre oriental coexistent avec la nécessité de composer un tableau épique par son sujet autant que par son format.
© Agnès Vinas pour le texte et les images.
L'internaute retrouvera ces images dans l'ouvrage suivant :
- Agnès et Robert Vinas - La Conquête de Majorque - Perpignan (2004)
- Agnès i Robert Vinas - La Conquesta de Mallorca - Palma de Mallorca (2007)