© Pep Barceló

Francesc Comes (activité documentée entre 1379 et 1415) - Retable de la Mare de Deu de Gràcia et saint Vincent martyr
Musée de Majorque

Ce panneau figure en bas de la partie centrale d'un retable incomplet. Il représente le motif, apparu au XIIIe siècle et très fréquent aux siècles suivants, de la Vierge au manteau ou Vierge de miséricorde. Celle-ci étend largement son pallium pour protéger de la colère divine, symbolisée par des flèches que lancent depuis le panneau supérieur des anges entourant la sainte Trinité, toute une micro-société qui se blottit à ses pieds.

Mais contrairement aux images qui hiérarchisent ces humains, soit en limitant la protection mariale aux ordres religieux, cisterciens ou mendiants, soit en séparant nettement les sexes de part et d'autre de la Vierge, cette représentation de la Vierge rassemble en un même groupe des religieux et des laïcs : on reconnaît ainsi un moine, une moniale et un pape, mais aussi un roi et des hommes et femmes indistincts. Marie est ici présentée comme la Médiatrice universelle, sans exclusive aucune, qui souvent protège de la peste et intercède pour le Salut dans l'Au-delà.

© Pep Barceló



La tête du roi qui se profile derrière celle du pape est parfois associée à Jaume Ier : cette identification n'est pas documentée. Mais la piété mariale de Jaume est indéniable : depuis sa naissance, le fils de Marie de Montpellier voue à la Vierge un culte presque exclusif, confirmé par son éducation chez les Templiers. Plus tard, dans toutes ses conquêtes, c'est vers Marie qu'il se tourne en cas de danger, c'est à Marie qu'il dédie des dizaines d'églises, en particulier la cathédrale de Valence, et c'est dans l'église de sainte Marie de Poblet qu'il décide de se faire enterrer.

© Pep Barceló


© Agnès Vinas pour le texte.

Un grand merci à Pep Barceló et à la Directrice du Musée de Majorque pour leur précieuse collaboration !