Achille à Scyros
| Ovide met dans la bouche même d'Ulysse le
            récit de la ruse que celui-ci a employée
            pour découvrir Achille parmi les jeunes filles
            de Scyros : le poète fait parler ainsi le roi
            d'Ithaque (Mét. XIII, 162) : | 
Ce que nous venons de rappeler indique suffisamment le
      sujet et les personnages de la peinture murale trouvée
      dans le tablinum de la maison du Questeur. La
      scène se passe dans le vestibule du palais de
      Lycomède, qu'on voit lui-même sur le second
      plan. Ulysse et Achille sont pris dans l'action même
      qu'Ovide a décrite : un autre Grec, Diomède, ou
      Phénix, ou Nestor, saisit en même temps le jeune
      héros et commence à le dépouiller de ses
      vêtements de femme ; à moins qu'on n'aime mieux
      voir dans ce personnage un confident des projets de
      Thétis, qui cherche à empêcher le fils de
      cette déesse de se trahir en saisissant les armes.
      Enfin, sur le second plan, paraît un personnage dont
      l'attitude, plus difficile à expliquer, a donné
      lieu à quelques méprises : c'est selon nous,
      Déidamie, qui, occupée à essayer pour
      son propre compte les parures féminines sous
      lesquelles Ulysse avait caché les armes, est
      effrayée tout à coup par la scène qui se
      passe entre Achille et le roi d'Ithaque ; si son état
      de nudité ne paraît point encore assez bien
      expliqué, il faut se rappeler que les artistes
      anciens, comme certains modernes, ne demandaient qu'un
      prétexte pour mettre dans leurs tableaux quelque chose
      de plus séduisant que des chairs d'homme et des
      draperies.
      
      On remarquera que le bouclier offert au fils de
      Pélée est orné d'un sujet bien
      séduisant pour ce jeune héros, et bien
      fréquemment répété dans
      l'antiquité, ainsi que plusieurs exemples nous l'ont
      déjà prouvé : ce sujet est
      l'éducation d'Achille lui-même par le
      centaure Chiron.
      
      Le casque et la patère que l'on voit sur le sol sont
      d'argent : le petit vase est d'or, et l'écu de cuivre
      rouge.
      
      Le vêtement d'Ulysse, fort bien drapé, se
      compose d'une tunique violette à bordure verte et d'un
      manteau rouge doublé de blanc. Achille porte un
      pallium violet doublé de bleu de ciel ;
      Déidamie est sur le point de s'envelopper d'une
      draperie bleue, et le manteau du roi Lycomède est
      d'une pourpre foncée.
|   H. Roux, Herculanum et Pompéi, tome III, planche 95, p.9 sqq (éd. 1875) | 
Commentaire de M. L. Barré dans l'édition d'Herculanum et Pompéi mentionnée ci-dessus.
