
Texte grec de la lettre édité par Bart D. Ehrman and Zlatko Pleše - The Apocryphal Gospels Texts and Translations
Oxford University Press, 2011, pp.523-527
Hérode, tétrarque de Galilée, à Ponce Pilate, procurateur de Judée, salut !
C'est avec une affliction qui n'est pas légère, selon les mots des saintes Ecritures, que je t'écris, pour qu'à cette nouvelle tu partages toi aussi ma douleur.
Ma fille bien aimée, Hérodiade, a perdu la vie en jouant près de l'eau, alors que le fleuve en crue débordait sur la rive : l'eau soudain lui est montée jusqu'au cou, et sa mère l'a saisie par la tête pour lui éviter d'être entraînée. Mais la tête de l'enfant a été arrachée, et mon épouse n'a pu saisir que la tête tandis que l'eau emportait tout le reste du corps. Mon épouse tenait la tête sur ses genoux en pleurant, et toute ma maison est plongée dans un deuil inconsolable [...]
[Traduction d'Agnès Vinas, 2025]
NB. La version syriaque de cette lettre, conservée au British Museum, propose une variante intéressante : la petite fille jouait sur un étang d'eau gelée dont la glace s'est dérobée sous elle. La tête aurait été coupée et serait restée à la surface de la glace.
C'est cette version que l'on retrouve dans le 16e sermon de saint Augustin, la Légende dorée de Jacques de Voragine et jusqu'au texte en prose de Guillaume Apollinaire, La danseuse, de l'Hérésiarque et Cie.