Pompéi - Visite 1
La rue qui part de la porta Marina était à
peine praticable aux voitures, car elle monte rapidement et
elle atteint immédiatement le haut de la ville. La
porte a à g. un trottoir et du côté
intérieur un passage voûté entre des
magasins antiques.
Un musée occupe à dr. trois salles.
C'est une collection d'objets intéressants pour celui
qui visite les ruines. Il y a des plâtres et des
reproductions de toute sorte d'objets en bois : porte,
fenêtre avec volets, fermetures de boutiques, roue,
etc.
Dans des vitrines, des plâtres de corps humains et d'un chien ensevelis sous les cendres volcaniques. Tandis que les parties charnues se sont consumées, les cendres durcies ont conservé les formes, comme des espèces de moules. M. Fiorelli eut en 1863, en rencontrant un de ces moules, l'idée d'en ôter les ossements avec précaution et d'y couler du plâtre, et il a réussi à reproduire fidèlement l'attitude des malheureux Pompéiens dans leur agonie. Pour mieux fuir, ils s'étaient débarrassés de leurs vêtements. On voit là une jeune tille avec un anneau au doigt ; deux femmes, l'une grande et d'un certain âge à côté d'une autre plus jeune ; un homme étendu la face contre terre, un autre gisant sur le côté gauche, avec les traits particulièrement bien conservés, etc. |
Il s'y trouve aussi des objets en terre : belle table,
à dr. dans la seconde salle ; amphores, poterie,
gargouilles, etc. ; vases de bronze ; comestibles
carbonisés, comme à Naples ; crânes,
squelettes d'hommes et d'animaux.
La VIA MARINA, maintenant nommée Decumanus
Minor, monte tout droit au Forum. A g. sont des maisons
sans intérêt.
A l'extrémité de la rue, on a à dr. une
porte latérale de la basilique (rég. VIII,
îlot 1), dont la principale façade est du
côté du Forum. Ce bâtiment servait de
halle et de tribunal. A l'intérieur se trouve un
portique de 28 colonnes en briques. Il y avait dans le bas
des colonnes engagées et dans le haut des colonnes
entières et des colonnes engagées dont on voit
des fragments. Le jour arrivait par de grandes ouvertures
dans les intervalles. Les deux rangs de colonnes atteignaient
ensemble la hauteur des autres. Au fond de l'édifice
était le tribunal où siégeait le juge,
et sur les côtés des portes où l'on
arrivait par des degrés en bois. En avant, un
piédestal pour une statue ; sous le tribunal, un
espace voûté, communiquant avec le haut par deux
ouvertures et dont la destination est inconnue. Le
tremblement de terre de l'an 63 avait déjà
détruit cet édifice.
Egalement à l'0. du Forum et à g. de la via Marina, se trouve le *temple d'Apollon (rég. VII, îlot 7), comme l'atteste une inscription osque dans le pavé (copie, original au musée de Naples). C'est un édifice de fondation ancienne, mais qui fut reconstruit après le tremblement de l'an 63. On entre d'abord dans une grande cour qui est entourée d'un portique à 48 colonnes, originairement d'ordre ionique, mais transformées en colonnes corinthiennes par une couche de stuc qui est maintenant tombée. Comme la direction du mur de dr., correspondant à celle du Forum, diverge de celle de l'autre mur longitudinal, on y a placé, pour masquer à l'oeil cette divergeance désagréable, 8 piliers faisant une saillie de plus en plus prononcée. Au milieu de la cour s'élève le temple proprement dit, sur un soubassement précédé d'un haut perron. |
A g. de ce perron, on voit une colonne qui portait un cadran solaire ; l'inscription votive des duumvirs qui l'ont érigée s'y lit encore. Devant le perron est un autel avec les noms de ses fondateurs, les quatuorviri ou magistrats municipaux. Sur les 6 bases près des colonnes du portique étaient 6 statues formant trois couples : Mercure (s'y trouve encore) et probablement Maïa (hermès en marbre) ; Apollon et Diane (statues en bronze) ; Vénus et Hermaphrodite (statues en marbre), les cinq dernières à Naples. A g. dans le coin, devant Vénus et Diane, deux petits autels. Le temple, où l'on monte par les 13 marches du perron, avait un péristyle intérieur d'ordre corinthien et 6 colonnes sur la façade. Derrière le vestibule s'étend le sanctuaire, où était la statue du dieu, sur un haut piédestal ; à g., l'omphalos, symbole d'Apollon, que rappelle aussi le grand trépied peint sur le pilastre à dr. du portique. - Derrière la cour du temple, une chambre destinée aux prêtres et décorée de peintures.
On avait déjà commencé avant le tremblement de terre de l'an 63 à remplacer par des colonnes de travertin les colonnes de tuf plus anciennes, qui subsistent encore au S. et à l'E., et l'on venait de reprendre ce travail au moment de la catastrophe ; les morceaux encore à peine dégrossis se voient autour de l'édifice. - Sur cette place débouchent 6 rues, qui étaient barrées de ce côté aux voitures et aux cavaliers par des pierres debout et qu'on pouvait même fermer par des grilles.
En allant à l'0. le long du temple d'Apollon, on rencontre, à son extrémité, n° 31, une niche dans laquelle était placée une table de marbre avec les modèles des mesures pour les grains, que remplace maintenant une mauvaise imitation. Puis vient un escalier qui conduisait sur le portique du temple. Ensuite, n° 29, une grande halle ; n° 28, des latrines publiques et, n° 27, un local sombre regardé comme une prison ou un trésor. A côté, le Forum était fermé par un mur. |
A la place d'honneur du Forum, du côté N., s'élève le temple de Jupiter (rég. VII, îlot 8), sur un soubassement de 3 m. de hauteur. Au moment de la catastrophe, il était déjà dans un état voisin de la ruine. On y monte par 15 marches. Il y a dans le sol des ouvertures éclairant le souterrain. Un escalier à g. sur le derrière monte au soubassement, qui est divisé en 3 chambres, où se trouvaient probablement trois statues de divinités. Belle vue du haut sur les ruines de Pompéi, le mont Santangelo, avec la chapelle St-Michel au sommet ; sur le château de Quisisana et la chaîne des Apennins. |
A g. devant le temple et à dr. sur le
derrière se trouvent deux arcs de triomphe, dont les
revêtements de marbre ont disparu. Les niches à
l'extérieur du second étaient des fontaines.
Derrière, au coin, un bas-relief représentant
deux hommes qui portent une amphore, l'enseigne d'un marchand
de vin.
Le dernier édifice à dr. à
l'extrémité N. du Forum, appelé
auparavant Panthéon, était un
macellum, c.-à-d. une halle. En avant sont des
piédestaux de statues honorifiques et à
l'extérieur de l'édifice des boutiques. Deux
portes, num. 7 et 8, s'ouvrent sur l'intérieur ; c'est
une cour rectangulaire, de 37 m. 50 de long et 27 de large.
Les murs sont ornés de fresques : à g., Argus
et Io, Ulysse et Pénélope ; dans le haut,
toutes sortes de comestibles, indiquant la destination du
bâtiment. La cour, détruite par le tremblement
de terre de l'an 63, était inachevée lors de la
catastrophe de l'an 79. Les blocs de pierre calcaire du
péristyle ne sont encore posés qu'au N. et
à l'O. Au milieu sont 12 bases de colonnes qui
portaient une coupole. On a trouvé dans une excavation
au milieu des masses d'écailles de poissons,
enlevées évidemment aux poissons qui s'y
vendaient. A dr., 11 chambres peintes en rouge, probablement
des boutiques, et au bout une sortie sur une rue
latérale, avec une niche, un laraire, comme
l'indiquent les deux serpents peints à
côté. A g., une autre sortie. A l'E., en face,
se trouve un petit sanctuaire d'Auguste. On n'y a
trouvé que deux statues, dans les niches
latérales, probablement celle d'Octavie, soeur de
l'empereur, et celle de Marcellus, son fils, aujourd'hui
remplacées par des moulages. A g. de ce sanctuaire,
une salle avec un autel ; elle servait peut-être
à des festins sacrés. A dr., une pièce
qui a dù être un étal de boucher ou de
marchand de poisson, avec une rigole pour l'écoulement
du sang ou de l'eau.
A côté, n° 3, la Curie,
destinée, dit-on, aux réunions des magistrats
municipaux, en réalité probablement au culte
impérial. C'est une salle carrée, de 20 m. de
long et 18 de large, avec un autel au milieu, terminée
en abside et pourvue de plusieurs niches. Les murs et le sol
étaient revêtus de marbre.
Ensuite, n° 2, le prétendu temple de Mercure, en réalité un temple de Vespasien. Il y a au milieu un bel autel en marbre orné de bas-reliefs, savoir : sur le devant, des Sacrifices ; sur les côtés, les Ustensiles qui y étaient employés ; derrière, une couronne de chêne entre des lauriers, symbole de la maison impériale. Il y a derrière trois pièces qui communiquaient avec d'autres derrière la Curie. |
A côté n° 1, l'édifice
d'Eumachie, construit par la prêtresse Eumachie,
selon l'inscription qui existe en entier au-dessus de
l'entrée du côté de la rue de
l'Abondance. Ce fut peut-être une espèce de
halle aux draps. Dans le portique (chalcidicum), au
mur, des copies de deux inscriptions relatives à
Romulus et à Enée. La cour de
l'intérieur en est séparée par de petits
espaces où l'on a trouvé beaucoup de plaques de
marbre destinées à l'achèvement de
l'édifice. La cour était entourée d'un
portique à deux étages de colonnes en marbre
blanc, sans sol intermédiaire, et il y avait à
côté une galerie couverte (crypta). Au
fond de cette galerie, une niche renferme une statue
d'Eumachie, reproduction de celle qui lui fut
érigée par les foulons et qui est maintenant
à Naples. - En sortant par la porte latérale de
derrière, on arrive à la rue de l'Abondance,
où il y a une fontaine avec un buste de la Concordia
Augusta. C'est à une fausse interprétation de
ce buste qu'est dû le nom d'Abondance. Au coin en face
sont représentés les attributs des douze dieux
(presque effacés). Plus près du Forum, à
g., n° 8, la maison de la Chasse au sanglier, en ital.
casa del Cinghiala, ainsi nommée de la
mosaïque de son vestibule, et où l'on voit encore
dans l'atrium une grande mosaïque, dont la bordure
représente les murailles d'une ville.
Ensuite au coin du Forum, une salle carrée dans
laquelle on a voulu à tort reconnaître une
école.
Au S. du Forum, les tribunaux, trois salles
contiguës, celles des côtés
terminées en abside et celle du milieu par un
édicule auquel manque son revêtement en marbre.
Il est à supposer que l'une de ces salles,
peut-être celle du milieu, servait aux séances
du conseil municipal et les autres de bureaux ou de
tribunaux.
Nous quittons maintenant le Forum et nous prenons à g.
des tribunaux la RUE DES ECOLES (via quarta), à
dr. de laquelle sont plusieurs grandes maisons, construites
sur l'emplacement de l'ancien mur d'enceinte, à
plusieurs étages sur la pente du terrain. Elles
offrent une belle vue, par ex. le n° 16. Les n° 17 et
20 communiquent avec des bains ornés de peintures, qui
sont fermés. - En suivant plus bas à g. la
ruelle des Théâtres (via tertia), on
arrive au Forum Triangulaire et à des édifices
qui présentent bien des particularités
caractéristiques de l'époque antérieure
aux Romains.
Il a probablement été détruit par le
tremblement de terre de l'an 63, et le peuple d'alors n'avait
sans doute plus le goût de rétablir un
édifice dont la solidité et la simple
majesté devaient singulièrement contraster avec
les constructions de stuc de l'empire. - Devant le temple, un
espace entouré d'une clôture, peut-être un
tombeau. A g., trois autels.
Derrière, n° 32, une margelle de puits,
renfermée dans un petit temple circulaire à 8
colonnes doriques, mesurant 3 m. 70 de dia-mètre. - De
l'autre côté du temple, un banc en
hémicycle, avec un cadran solaire.On voit à
l'E. du puits l'intérieur d'une cour située
près du théâtre et qui en
dépendait d'abord. Cette cour, où il y a un
portique de 74 colonnes, avait été
transformée en caserne de gladiateurs. Il y
avait tout autour des cellules isolées, comme celles
qu'on a rétabli dans la partie S., occupée par
l'administration. On a retrouvé dans un réduit
qui servait de prison trois squelettes et des fers,
maintenant remplacés par une mauvaise reproduction en
bois. Dans un autre endroit étaient des armes de
gladiateurs. On a découvert en tout 63 morts dans cet
édifice.
A dr. du Forum Triangulaire est le *grand
théâtre (teatro scoperto), pour
lequel on a profité de la pente du terrain. Cet
édifice, de fondation très ancienne, avait
été reconstruit vers le commencement de notre
ère, aux frais de M. Holconius Rufus et de M.
Dolconius Celer, par l'architecte M. Artorius. Les places des
spectateurs sont tournées vers le S. et
divisées en trois parties (ima, media et
summa cavea), la première composée de 4
rangs de sièges, pour les personnes de distinction ;
la deuxième de 20 rangées de gradins et la
troisième seulement de 4. Des corridors et des
escaliers conduisaient à ces différentes
places. Tout l'édifice pouvait contenir 5 000
spectateurs. Derrière l'orchestre se trouve la
scène, longue et étroite. On y remarque d'abord
une ouverture dans le sol, celle par où passait le
rideau. Le fond, jadis décoré de statues, a
trois portes, comme l'exigeait la tragédie antique, et
le vestaire est derrière. En haut, sur le mur
d'enceinte, se voient les trous des mâts qui
supportaient le velarium, toile protégeant les
spectateurs et les acteurs contre les rayons du soleil. Il y
a derrière le théâtre un réservoir
carré dont l'eau servait, pendant les chaleurs,
à rafraîchir les spectateurs par une
légère pluie artificielle.
A côté se trouve le *petit
théâtre (teatro coperto), mieux
conservé que le grand. Il était couvert d'un
toit (theatrum tectum). Il pouvait contenir 1 500
spectateurs. Les sièges sont pratiqués de
façon qu'on ne pouvait pas être incommodé
par les pieds de celui qui était assis au rang
supérieur. Cette construction remonte environ à
l'an 75 av. J.C. Le pavé en marbre de l'orchestre fut
donné, au dire de l'inscription, par le duumvir M.
Oculatius.
A l'E. du petit théâtre passe la RUE DE STABIES
(Cardo), qui traverse toute la ville du S. au N. On a
découvert au S., en dehors de la vieille porte de
Stabies, le commencement d'une voie des tombeaux. Dans la rue
transversale entre les îlots 1 et 2 se voit, à
g., n° 28, un atrium couvert d'une grille
(restaurée) destinée à protéger
l'intérieur de la maison contre les voleurs. Dans la
même rue, à dr., n° 2, une tannerie.
En remontant encore la rue de Stabies, on arrive à g.,
au coin de la rue d'Isis, au prétendu temple
d'Esculape, le plus petit de Pompéi. La cour qui
le précède renferme un autel très ancien
en tuf, qui rappelle le sarcophage des Scipions au Vatican.
On y a trouvé des statues de Jupiter (pris pour
Esculape) et de Junon, ainsi qu'un buste de Minerve ; il se
pourrait donc que ces trois divinités aient
été honorées ici comme au temple de
Jupiter du Capitole.
Plus loin, dans la rue de son nom, n° 28, à g., le temple d'Isis, reconstruit, comme nous l'apprend l'inscription au-dessus de l'entrée, après le tremblement de terre de l'an 63, aux frais du jeune N. Popidius Celsinus, âgé de six ans, qui fut reçu par reconnaissance au nombre des décurions de la ville (conseiller municipal). Entre les colonnes du portique se trouvent plusieurs autels et une fosse antique, destinée d'abord à recevoir les restes des sacrifices et qui sert aujourd'hui de regard au canal du Sarno. A g. est un petit sanctuaire appelé purgatorium, où se faisaient les ablutions. Il y avait un escalier descendant à un puits ; les murs sont ornés d'élégants bas-reliefs en stuc. On a trouvé dans le portique une statuette d'Isis. Les pièces à g., le long du mur, servaient de demeures aux prêtres; on y a découvert plusieurs cadavres et, sur le foyer, des restes d'aliments. |
La porte suivante, à g., n° 29, donne
entrée dans la Curia Isiaca, une cour
entourée de colonnes. En face de l'entrée, une
base sur laquelle on a trouvé la statue du Doryphore
qui est au musée de Naples. Derrière est un
escalier, peut-être pour le couronnement de la statue,
et devant une base moins élevée ou une table en
pierre. Ce local était une palestre datant du temps
des Osques et qui fut raccourci.
Nous revenons à la rue de Stabies et la remontons. A
g., une petite chapelle des dieux lares ; à dr.,
rn° 5, la casa del Citarista ainsi nommée
d'après l'Apollon citharède qu'on y a
trouvé. C'est une des plus grandes maisons ; elle a
deux atria et trois péristyles.
La première rue transversale (24 m. 29 d'alt.) est le
Decumanus Minor, qui s'appelle, à g. rue de
l'Abondance (v. ci-dessous), à dr., où les
fouilles s'arrêtent à la première
transversale, rue des Diadumènes. Il y a là, un
pilier d'aqueduc et plus loin sur le trottoir des tuyaux en
plomb. Ensuite, à g., rég. IX, îlot 1,
n° 20, la maison d'Epidius Rufus, avec un bel
atrium corinthien. A l'intérieur, à dr., un
laraire avec l'inscription : «Genio Marci nostri et
Laribus, duo Diadumeni liberti». - La maison
d'Epidius Sabinus, n° 22, à g., a dans
l'atrium un laraire bien conservé. Joli coup d'oeil
sur deux péristyles. - En montant la rampe qui est en
face, on arrive au chemin qui mène à l'amphithéâtre.
Fiches bibliographiques des illustrations
- Abbé C. Chevalier - Herculanum et Pompéi - Scènes de la civilisation romaine, Tours, Alfred Mame et fils (1888)
- G.B. de Lagrèze - Une visite à Pompéi, Paris, Firmin-Didot (1888)
- Karl Baedeker - Italie Méridionale. Sicile, Sardaigne et excursions à Malte, Tunis et Corfou. Manuel du voyageur. Avec 25 cartes et 17 plans. 11e éd., rev. et corr. Leipzig, Karl Baedeker, Paris, Paul Olendorff, 1896, pt. in-8°, XLVIII + 403 p., ill., reliure en toile rouge de l'éditeur.
- Carl Weichardt, Pompei vor der zerstoerung, Einhorn, Leipzig (1909)