Forum triangulaire |
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Plan | Forum | Visite |
Franchissant ces portes, on se trouve à l'angle N. du Forum triangulaire, vaste place qu'entoure de deux côtés un Hécatonstylon ou grand portique a b c d composé de cent colonnes et destiné à mettre les spectateurs du théâtre à l'abri lorsqu'une de ces pluies torrentielles, si fréquentes à Naples, survenait pendant la représentation. Eusèbe nous apprend qu'il existait à Rome un Hécatonstylon semblable près du théâtre de Pompée, et nous voyons encore dans cette ville les restes du portique d'Octavie voisin du théâtre de Marcellus. Le Forum de Pompéi, situé sur un des points les plus élevés de la ville, formait une esplanade, dont le plus grand côté a b dominait à l'ouest le grand théâtre et le quartier des soldats, avec lesquels il communiquait par un large escalier e et par deux entrées plus petites f g donnant sur les gradins supérieurs du théâtre. Près de ces dernières est une autre porte h ouvrant sur l'édifice désigné sous le nom de Tribunal ou de Portique des Ecoles. |
Autrefois la mer venait battre le pied des fortes murailles d'appareil régulier qui soutenaient le terre-plein au S.-O. et. formaient de ce côté i j la défense de la ville.
Nous avons vu qu'au centre de cette place s'élevait un temple A, le plus ancien des monuments de Pompéi ; aussi, cette circonstance et la position de ce Forum rendent-elles parfaitement admissible l'opinion de ceux qui veulent reconnaître en ce lieu le berceau de la ville et son antique acropole. Ce Forum n'était pas absolument public, puisqu'à ses propylées on a reconnu les traces de portes qui pouvaient se fermer ; il paraît même que toutes les classes de citoyens n'y étaient point admises, témoin le passage de Cicéron (1) qui nous apprend que Publius Sylla ayant conduit une colonie à Pompéi, les anciens habitants voulurent se réserver la jouissance exclusive des portiques du Forum, l'Ambulatio, et qu'après plusieurs années de discussions, les deux parties convinrent de s'en remettre à l'arbitrage des protecteurs de la ville. Le portique, fermé par les deux extrémités, s'étendait sur deux côtés du Forum a b et c d, et sur un pan coupé e b qui les réunissait à l'angle auquel sont adossés les propylées. Le plus grand côté à l'est a b avait 117m 80 de longueur ; le pan coupé b c au nord 46m 60, et le côté c d au N.-O. 65 mètres ; ce qui donne pour le développement total des portiques une étendue de 199m 40. Le troisième côté i j, au midi, regardait le port, auquel on pouvait descendre par un large escalier K qui existait à l'extrémité méridionale du grand portique. Les neuf dernières colonnes de ce côté et les seize dernières du côté S.-O. sont les seules dont la partie inférieure du fût n'ait point été retrouvée en place. L'Hécatonstylon fut renversé par le tremblement de terre qui accompagna l'éruption de 79 et il écrasa dans sa chute des prêtres du temple d'Isis qui y avaient cherché un refuge. L'un d'eux avait à la jambe deux anneaux passés l'un dans l'autre, dont le plus grand était de bronze et le plus petit d'argent. Autour de ces squelettes que firent découvrir les fouilles qui, en 1842, achevèrent de rendre au jour le Forum dont les travaux avaient commencé en 1764, on trouva cent quatre-vingt-dix-sept pièces de monnaie, une petite lame d'argent où sont gravées les figures de Bacchus et d'Isis, des vases de même métal, un sistre, un petit seau orné de bas-reliefs relatifs au culte d'Isis, enfin quelques ornements et feuilles d'or ayant sans doute faite partie de la parure du simulacre de la déesse.
Les colonnes du portique étaient d'ordre dorique grec sans base et hautes de 4m 06 ; la frise, d'une grande simplicité, n'avait que des triglyphes sans aucun ornement aux métopes. Au pied des colonnes régnait un caniveau réunissant les eaux pluviales dans des citernes où l'on puisait par deux margelles existant encore, l'une l vers le milieu du portique oriental, l'autre m près de l'angle formé par la rencontre du pan coupé avec le portique de l'ouest. L'une des colonnes n, qui se trouvent en face de l'entrée centrale des propylées, avait au tiers de sa hauteur un mufle de lion qui jetait de l'eau dans une vasque ou monopodium. Devant cette fontaine est un piédestal o, que l'inscription nous apprend avoir porté la statue de Marcus Claudius Marcellus, patron ou protecteur de la ville :
M. CLAVDIO M. F. MARCELLO
PATRONO.
De ce piédestal, à une distance de 7 mètres du portique oriental, et en ligne parallèle, s'étend une muraille basse p q, une sorte de banquette revêtue d'un stuc noir très dur, ne présentant dans toute sa longueur que deux interruptions servant de passage. On peut supposer que ce petit mur servait en même temps à ménager un espace libre, une sorte de stade r s pour les exercices gymnastiques de la jeunesse et un siège pour les spectateurs. Une autre banquette semblable t u, découverte en mai 1765, faisant face à la mer, s'étendait vers le sud à partir du banc semi-circulaire ou schola placé à l'angle occidental du temple grec qui s'élevait dans l'area. Ce banc était surmonté d'un cadran solaire, et on lisait sur le marbre les noms de ceux qui avaient construit l'un et l'autre :
L. SEPVNIVS L. F. SANDILIANVS
M. HERENNIVS. A. F. EPIDIANVS
DVOVIR. I. D. SCHOL. ET HOROL.
«L. Sepunius Sandilianus, fils de Lucius, et M. Herennius Epidianus, fils d'Aulus, duumvirs chargés de rendre la justice, ont fait faire à leurs frais la schola et l'horloge».
De ce banc on a une vue admirable embrassant les monts Lactarii, Castellamare, Vico, Sorrente, le promontoire de Minerve, l'île de Capri et tout le golfe de Naples.
(1) Oratio, XXIV. Pro. P. Sylla., 21. |