CORNU, CORNUS ou CORNUM (κέρας)

Dans le principe, corne d'un animal ; puis nom donné spécialement à divers objets, ou faits de corne, ou ressemblant à une corne ; par exemple :

  1. Lanterne de corne (Plaut. Amph. I, 1, 188).
  1. Huilier, fait de corne ou d'une corne (Hor. Sat. II, 2, 61).
  1. Entonnoir fait d'une corne (Virg. Georg. III, 509).
  1. Corne à boire (Calpurn. Ecl. X, 48 ; Plin. HN. XI, 45) ; dans l'origine, faite d'une simple corne, mais par la suite, de différents métaux auxquels on donnait cette forme. Quand on buvait, on tenait la corne au-dessus de la tête, puis on laissait la liqueur couler dans la bouche par un petit orifice pratiqué à l'extrémité pointue, comme on le voit par la gravure ci-jointe, prise d'une peinture de Pompéi.
  1. Partie du casque qui n'était d'un ornement (Liv. XXVII, 33 ; Virg. Aen. XII, 89). Voyez corniculum.
  1. (σάλπιγξ στρογγύλη). Grande trompette, faite dans l'origine de corne, mais plus tard de bronze (Varro, LL. V, 117 Ovid. Met. I, 98), avec une barre transversale qui servait à deux fins, pour lui conserver sa forme et pour aider le trompette à la tenir solidement quand il s'en servait, comme on le voit par la gravure au mot cornicen. Le speciment ci-joint est pris de la colonne Trajane.
  1. Corne d'une lyre (testudo), et comme il y en avait deux, une de chaque côté de l'instrument, on se sert du pluriel avec plus de propriété (Cic. ND. II, 59). Elles étaient quelquefois réellement faites des cornes de certains animaux, notamment de celles de l'antilope sauvage (Herod. IV, 192), qui semblent être représentées dans la gravure ci-jointe, tirée d'une peinture de Pompéi.
  1. Arc, fait également de cornes d'animaux réunies dans une pièce centrale, comme on le voit par le specimen ci-joint, pris d'un vase d'argile. Dans ce sens, on se sert à la fois du singulier et du pluriel (Ovid. Met. V, 383 ; Virg. Egl. X, 59 ; Suet. Nero, 39).
  1. Extrémités d'une vergue à laquelle on attache une voile carrée : on se sert du pluriel, parce qu'il y en avait deux (Virg. Aen. III, 549 ; V, 832).
  1. Ce mot était aussi employé au pluriel pour désigner les ornements attachés à chaque extrémité du bâton sur lequel on enroulait un ancien livre ou volume, de la même façon qu'on le pratique encore pour les cartes, le volume s'avançant de chaque côté au-delà du bord du rouleau. On ignore le caractère précis de ces cornes, et en quoi elles différaient des umbilici ; on n'a rencontré aucun objet qui corresponde à ce nom dans les nombreux manuscrits découverts à Herculanum. Il est clair cependant (Ovid. Trist. I, 1, 8 ; Tibull. III, 3, 13) que tous les livres n'en étaient pas ornés, mais seulement ceux qui étaient arrangés avec un goût et une élégance plus qu'ordinaires. Comme le cylindre auquel les cornes étaient fixées était attaché au bout du rouleau, l'expression ad cornua est employée pour signifier la fin (Mart. XI, 107). Comparez umbilicus.

Illustration complémentaire

Joueur de trompette lors des jeux de l'amphithéâtre
Détail d'une mosaïque du III° s. après JC
Villa de Nennig (Allemagne), 2002

© Agnès Vinas