TESTUDO (χέλυς, χελώνη)

  1. Dans le premier sens du mot, une tortue ; par extension, ce nom est donné à un instrument à cordes particulier (Cic. N.D. II, 57 ; Hor. A.P. 394), qui forme une variété de la lyra. C'est la lyre, non dans sa première simplicité, mais perfectionnée par l'addition d'une pièce concave, en travers de laquelle les cordes étaient tendues pour que les sons en devinssent plus pleins et plus retentissants. Ce nom venait d'une légende d'après laquelle Mercure, le fabuleux inventeur de cet instrument, en aurait conçu la première idée en voyant, sur les tables de l'Egypte, une écaille de tortue en travers de laquelle des fragments de la peau desséchée du ventre étaient restés tendus en cordes minces, qui firent résonner différentes notes quand ses doigts les ébranlèrent (Serv. ad Virg. G. IV, 464 ; cf Homer. H. in Merc. 24-54).

Par suite, on donna à la table d'harmonie la forme d'une écaille de tortue, comme on le voit dans le specimen ci-joint, qui, dans une peinture de Pompéi, est entre les mains de Mercure. On la faisait résonner avec les doigts et le plectrum. La distinction établie ci-dessus, quoique sans aucun doute elle soit fondée, n'est pas, toutefois, rigoureusement observée ; car les poètes appliquent souvent ce terme indifféremment à toute espèce d'instrument à cordes, lyre ou cithare.

  1. Plafond orné de quatre plans convergeant vers un centre (Vitruv. V, 1, 6), distinct de la voûte (camara) et du dôme (tholus) ; par suite, ce nom se donne aussi à l'appartement couvert d'un plafond comme celui que nous venons de décrire (Varro, L.L. V, 161 ; Cic. Brut. 22). La figure que forment les quatre plans s'élevant jusqu'à un point qui est leur sommet commun, est bien indiquée par les deux lignes qui se coupent au milieu de la gravure ci-jointe, et qui sont destinées à représenter le toit d'un atrium, dans un fragment du plan de Rome, en marbre, que l'on conserve au Capitole.
  1. Hangar en planches, couvert de peaux non tannées, et placé sur des roues, de sorte qu'on pouvait le transporter où l'on voulait pour protéger les hommes pendant qu'ils creusaient des tranchées et faisaient leurs approches vers les murs d'une ville assiégée (Vitruv. X, 15 et 16 ; Caes. B.G. V, 42 et 40) ; ou pour couvrir ceux qui manoeuvraient le bélier : on l'appelait alors testudo arietaria (Vitruv. X, 13, 2) ; c'est ce que représente la gravure ci-jointe, d'après un bas-relief de l'arc de Septime Sévère.
  1. Toit que les soldats faisaient au-dessus de leur tête avec leurs boucliers pour se défendre des traits de l'ennemi, surtout quand ils s'avançaient au pied des murs d'une place fortifiée, pour les escalader (Caes. B.G. II, 6 ; Tac. Hist. III, 27 ; IV, 23). On élevait les boucliers au-dessus des têtes et des épaules en se serrant de manière qu'ils se touchassent et se recouvrissent mutuellement par leurs bords, de sorte que leur réunion formait une masse, compacte comme l'écaille d'une tortue ou la pente d'un toit, et sur laquelle les projectiles glissaient sans atteindre les soldats qui marchaient dessous (Liv. XLIV, 9). Ce qui complétait le toit, c'était que les soldats du rang extérieur étaient à genoux pendant que ceux des rangs antérieurs se tenaient de plus en plus droits.
Ces détails seront mieux saisis à l'aide de la figure ci-dessus, tirée de la colonne d'Antonin, et qui représente un corps de soldats romains faisant la testudo en marchant à l'assaut d'une forteresse germaine.

Illustrations complémentaires

Attaque en tortue
Colonne de Marc-Aurèle, 176 à 193 apr.JC
Piazza Colonna, Rome, 2001

© Agnès Vinas

Attaque en tortue
Maquette
Musée de la Civilisation romaine, EUR (Rome), 2001

© Agnès Vinas