[Histoire de l'Elide]
Carrez, 1886
I. [1] Ceux qui divisent le Péloponnèse en cinq
parties seulement, sont obligés de reconnaître que
l'une de ces parties est commune aux Arcadiens et aux
Eléens ; que la seconde est possédée par
les Achéens, et que les Doriens occupent les trois
autres. Or parmi les différents peuples du
Péloponnèse, il n'y a que les Arcadiens et les
Achéens qui en soient originaires. Ceux-ci chassés
de leur première demeure par les Doriens, ne
quittèrent pas pour cela le Péloponnèse ;
mais ayant chassé à leur tour les Ioniens, ils
habitèrent ce canton que l'on nommait autrefois l'Egiale,
et qui depuis a été nommé l'Achaïe, du
nom de ses nouveaux habitants.
[2] Pour les Arcadiens, ils ont toujours conservé leur
première habitation. Tous les autres sont
étrangers : car premièrement les Corinthiens sont
tout nouveaux venus dans le Péloponnèse. Ils ne
comptent pas plus de deux cent dix-sept ans d'antiquité,
puisque ce fut César qui envoya une colonie à
Corinthe pour la repeupler. En second lieu on sait aussi que les
Dryopes sont venus du mont Parnasse où ils habitaient, et
les Doriens du mont Oeta.
[3] Enfin les Eléens, dont j'écris
présentement l'histoire, sont sortis de Calydon et des
autres endroits de l'Etolie pour venir s'établir dans le
Péloponnèse. Je vais rapporter ce que j'ai pu
apprendra de leur origine et de leur ancienneté. On tient
qu'Aéthlius est le premier qui ait régné
sur ces peuples ; il était fils de Jupiter et de
Protogénie fille de Deucalion, et fut père
d'Endymion.
[4] La fable dit qu'Endymion fut aimé de la Lune, et
qu'il en eut cinquante filles. Mais une opinion plus probable,
c'est qu'il épousa Astérodie, d'autres disent
Chromé fille d'Itonus, et petite-fille d'Amphiction,
d'antres Hypéripné fille d'Arcas, et qu'il eut
trois fils, Péon, Epéus, et Etolus, et une fille
nommée Eurycide. Endymion proposa dans Olympie un prix de
la course aux trois princes ses enfants ; ce prix était
le royaume. Epéus remporta la victoire, régna
après son père, et ses sujets furent
appellés Epéens.
[5] On dit que son frère Etolus demeura avec lui dans le
pays ; mais que Péon, inconsolable d'avoir
été vaincu dans une occasion de telle importance,
alla chercher fortune loin de sa patrie, et que s'étant
arrêté sur les bords du fleuve Axius, il donna son
nom à cette contrée qui depuis s'est
appellée la Péonie. Les Eléens et les
Héracléotes ne s'accordent pas sur la mort
d'Endymion ; car les Eléens montrent son tombeau dans la
ville d'Olympie, et les Héracléotes qui sont
voisins de Milet, disent qu'Endymion se retira sur le mont
Latinus. En effet il y a un endroit de cette montagne que l'on
nomme encore aujourd'hui la grotte d'Endymion.
[6] Epéus épousa Anaxiroé fille de Coronus
: il en eut une fille qui eut nom Hyrmine, et il ne laissa point
d'enfants mâles. Ce fut de son temps que Pélops
Lydien, venu d'Asie, tua Oenomaüs roi de Pise, que la fable
et les poètes font fils de Mars, et que je crois
plutôt fils d'Alxion.
[7] Pélops s'étant emparé du royaume de
Pise, y joignit Olympie ville voisine, qu'il avait conquise sur
Epéus. Les Eléens disent que Pélops fut le
premier qui bâtit un temple de Mercure dans le
Péloponnèse, et qui y sacrifia pour apaiser ce
dieu qu'il avait irrité par le meurtre de Myrtil.
[8] Epéus étant mort, son frère Etolus lui
succéda ; mais peu de temps après se voyant
poursuivi en justice par les enfants d'Apis, il fut
obligé de quitter le Péloponnèse. Apis fils
de Jason était né à Pallantium ville
d'Arcadie. Un jour que l'on célébrait des jeux
funèbres sur le tombeau d'Azan, Etolus ayant trop
poussé ses chevaux, Apis qui se trouva malheureusement
sur son chemin, fut jeté par terre et blessé si
dangereusement qu'il en mourut ; cet accident fut cause
qu'Etolus s'enfuit, et qu'il alla s'établir dans ce
continent que le fleuve Achéloüs arrose ;
d'où il arriva que les habitants du pays furent
appelés Etoliens, du nom de ce fils d'Endymion.
Eléus prit aussitôt sa place et fut roi des
Epéens. On dit qu'il était fils de Neptune, et
d'Eurycyde fille d'Endymion. Quoi qu'il en soit, Eléus
donna son nom aux Epéens, qui depuis n'ont pas
été nommés autrement
qu'Eléens.
[9] On croit qu'il fut père d'Augée ; cependant
ceux qui veulent faire honneur à Augée, abusant du
nom le disent fils, non d'Eléus, mais d'Elius,
c'est-à-dire, du soleil. Cet Augée avait
une si prodigieuse quantité de boeufs et de
chèvres que toutes les terres du pays étaient
couvertes du fumier de ses troupeaux, et qu'elles en devenaient
incultes : il engagea Hercule à nettoyer le pays, et lui
promit une partie de l'Elide, ou telle autre récompense
qu'il lui plairait, s'il en venait à bout.
[10] Hercule trouva le moyen de faire passer le Minyée
par l'Elide ; et ce fleuve venant à se déborder,
emporta tous les fumiers qui infectaient la campagne. Mais
Augée après un si grand service, manqua de parole
à Hercule, sous prétexte que l'art et l'industrie
y avaient eu plus de part que le travail et la peine ; il chassa
même Phyléus son fils aîné, parce
qu'il blâmait son ingratitude. Ensuite appréhendant
le ressentiment d'Hercule, il se précautionna contre lui
au cas qu'il voulût entrer en Elide avec une armée
; il fit alliance avec les fils d'Actor et avec
Amaryncée, homme fort entendu au métier de la
guerre.
[11] Amaryncée était fils de Pyttius, et
Thessalien de nation. Augée l'ayant attiré en
Elide, partagea son autorité avec lui ; il associa aussi
au gouvernement Actor et ses fils qui étaient originaires
du pays ; car Actor était fils de Phorbas et
d'Hyrminé fille d'Epéus, et petit-fils de Lapithas
: il avait même bâti en Elide la ville
d'Hyrminé, ainsi appellée du nom de sa
mère.
II. [1] Hercule ayant déclaré la guerre à
Augée, ne put exécuter aucune entreprise
considérable, parce que les fils d'Actor qui
étaient à la fleur de leur âge et pleins de
courage, rendaient tous ses desseins inutiles. Environ ce
temps-là les Corinthiens indiquèrent leurs jeux
isthmiques avec promesse de sûreté pour tous ceux
qui voudraient y assister ; les fils d'Actor se mirent en chemin
pour s'y rendre.
[2] Hercule qui en fut averti, alla les attendre auprès
de Cléone, et leur dressa une embuscade où ils
périrent. Leur mort fut bientôt sue, mais l'auteur
en était ignoré ; Molione leur mère fit
tant qu'elle le découvrit. Aussitôt les
Eléens envoyèrent prier les Argiens d'en faire
justice ; ils s'adressaient aux Argiens, parce qu'Hercule
demeurait alors à Tirynte. Ceux-ci ayant laissé le
crime impuni, les Eléens supplièrent les
Corinthiens d'interdire les jeux isthmiques à tous les
Argiens, pour les punir de ce qu'ils protégeaient un
criminel qui en avait violé les franchises et les
privilèges. Mais les Corinthiens n'ayant pas eu plus
d'égards à leurs prières, on dit que
Molione frappa de sa malédiction tous ceux de ses
citoyens qui à l'avenir oseraient assister aux jeux
isthmiques, et la crainte d'encourir cette malédiction
eut tant d'empire sur l'esprit des Eléens, qu'encore
à présent ceux d'entre eux qui s'exercent pour
disputer le prix aux jeux de la Grèce, s'abstiennent des
jeux isthmiques.
[3] Cependant on attribue cette espèce d'interdit
à deux autres causes ; car selon quelques auteurs,
Cypselus tyran de Corinthe ayant dédié une statue
d'or à Jupiter dans la ville d'Olympie, et étant
mort avant que d'y mettre son nom, les Corinthiens
prièrent les Eléens de trouver bon que la
dédicace se fît au nom de la ville de Corinthe ;
les Eléens ne le voulurent pas souffrir, et les
Corinthiens leur en surent si mauvais gré, que pour se
venger ils les exclurent à perpétuité des
jeux isthmiques ; mais il ne parut pas vraisemblable que les
Corinthiens eussent été admis aux jeux olympiques,
s'ils avaient le premiers interdit les jeux isthmiques aux
Elens.
[4] C'est pourquoi d'autres auteurs content le fait autrement.
Ils disent que Prolaüs était un Eléen
très distingué, qui avait eu de sa femme Lysippe
deux fils, Philantus et Lampus ; que ces jeunes enfants
étant allés aux jeux isthmiques pour disputer le
prix du pancrace et de la utte avec d'autres enfants de leur
âge, ils avaient été étranglés
ou tués d'une autre façon par leur antagonistes
avant que de combattre, et que Lysippe leur mère en avait
eu un tel déplaisir que sur le champ elle avait
donné sa malédiction aux Eléens, si jamais
il leur arrivait d'assister à ces jeux.
[5] Mais nous avons une preuve de la fausseté de cette
opinion ; car l'on voit à Olympie la statue d'un
Eléen nommé Timon, qui avait remporté le
prix du pentathle presque à tous les jeux de la
Grèce. Au-dessous de cette statue est une inscription en
vers élégiaques, qui marque les victoires de ce
fameux athlète, et qui dit que les jeux isthmiques
étaient les seuls où il n'avait pas
été couronné, parce que les mânes
vengeurs des Molionides ne permettaient pas aux Eléens de
prendre part à ces spectacles. Voilà un point de
critique suffisamment discuté ; revenons à
Hercule.
III. [1] Il leva une armée nombreuse, composée
d'Argiens, de Thébains et d'Arcadiens, vint
assiéger Elis, la prit et la saccagea. Les Eléens
avaient pour alliés ceux de Pise et ceux de Pylos en
Elide. Hercule châtia ces derniers, et se préparait
à faire le même traitement à ceux de Pise ;
mais il en fut détourné par un oracle qui
l'avertissait que Jupiter protégeait Pise, ainsi
qu'Apollon protégeait Delphes. Pise fut redevable de son
salut à cet oracle. Hercule après avoir conquis
toute l'Elide, la donna à Phyleüs, moins pourtant
par amitié que par honneur : il lui rendit aussi tous les
prisonniers qu'il avait faits, et voulut bien lui sacrifier son
ressentiment en pardonnant à Augée.
[2] Les femmes des Eléens voyant tout leur pays
dépeuplé d'hommes, firent un voeu à Minerve
pour obtenir de la déesse qu'elles pussent concevoir
dès la première fois qu'elles auraient commerce
avec leurs maris. Elles furent exaucées et bâtirent
un temple qui fut dédié par cette raison à
Minerve mère des hommes. Ensuite les hommes et les femmes
pour conserver la mémoire d'un événement si
heureux, donnèrent le nom de Badu, non seulement
au lieu où ils s'étaient rencontrés, mais
encore au fleuve qui passe auprès ; car badu est
un mot de leur pays qui marque le plaisir qu'ils avaient eu de
se trouver ensemble.
[3] Phyleüs après avoir mis ordre aux affaires de
l'état, alla s'établir à Dulichium ; et
Augée étant mort de vieillesse, Agasthène,
son second fils, prit possession du royaume conjointement avec
Amphimaque et Thalphius : car les deux fils d'Actor ayant
épousé les deux filles de Dexamène roi
d'Olène, l'un avait eu Amphimaque de sa femme
Théronice, et l'autre de Théraphone avait eu
Thalphius.
[4] Mais ni Amaryncée ni son fils Diorès menoient
pas pour cela une vie privée. Homère le
témoigne assez dans le dénombrement des
Eléens, quand il dit que toute leur flotte était
de quarante navires, dont vingt étaient commandés
par Amphimaque et par Thalphius ; dix par Diorès fils
d'Amaryncée, et les dix autres par Polyxenus fils
d'Agasthène. Polyxenus à son retour de Troie eut
un fils qu'il nomma aussi Amphimaque, à cause, comme je
crois, de la liaison qu'il avait eue avec un Amphimaque fils de
Ctéatus, qui avait péri devant Troie. Amphimaque
fils de Polyxenus fut père d'Eléus.
[5] Ce fut sous le règne d'Eléus que les Doriens
avec les fils d'Asistomaque ayant équipé une
flotte, tentèrent de revenir au
Péloponnèse. Les commandants de la flotte furent
avertis par un oracle de prendre trois yeux pour guides de leur
expédition. Comme ils cherchaient le sens de ces paroles,
il vint à passer par hasard un homme monté sur un
mulet qui était borgne.
[6] Chresphonte, selon sa prudence, comprit que ce pouvaient
être là les trois yeux désignés par
l'oracle ; c'est pourquoi ils associèrent cet homme
à leur entreprise. Celui-ci leur conseilla de passer par
mer au Péloponnèse, et les détourna de
marcher par l'isthme de Corinthe. Il s'embarqua même avec
eux, et les mena de Naupacte au cap Molycrie. Ensuite ayant
demandé l'Elide pour récompense de ses services,
les Doriens convinrent de la lui céder. Cet homme se
nowmoit Oxylus ; il était fils d'Hémon, et
petit-fils de Thoas, qui avait eu l'honneur d'accompagner les
fils d'Atrée au siège de Troie, et qui descendait
d'Etolus fils d'Endymion par six degrés de
génération.
[7] Mais les Héraclides et les rois d'Etolie
étaient encore parents d'une autre manière ; car
la mère de Thoas fils d'Andrémon, et la
mère d'Hyllus fils d'Hercule étaient soeurs.
Oxylus avait été obligé de quitter
l'Etolie, parce qu'en jouant au palet, il avait malheureusement
tué un homme : les uns disent que celui qu'il tua
était Thermius son propre frère ; et les autres,
que c'était Alcidocus fils de Scopius.
IV. [1] Quelques-uns ont dit qu'Oxylus appréhenda que
les fils d'Aristomaque, s'ils voyoient une fois l'Elide qui est
un beau et bon pays, ne voulussent la garder, et que par cette
raison il mena les Doriens au Péloponnèse, non par
l'Elide, mais par l'Arcadie. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il crut
s'en rendre maître sans combat, il se trompa ; car Dius,
qui en était le possesseur, ne jugea pas à propos
de la lui abandonner. Cependant au lieu d'exposer toutes leurs
forces au risque d'une bataille, ils convinrent de choisir un
Etolien et un Eléen, qui par un combat singulier
terminassent la querelle des deux princes.
[2] Leur résolution ayant été
approuvée, Degménus archer fut choisi de la part
des Eléens, et Pyrechmès frondeur de la part des
Etoliens. Pyrechmès remporta la victoire, et
aussitôt Oxylus fut reconnu pour Roi. Il épargna
les anciens Epéens qui en furent quittes pour recevoir
les Etoliens, et pour partager leurs terres avec eux. Ensuite il
rendit à Jupiter le culte prescrit par les lois,
même à tous les héros du pays, de qui la
mémoire était en vénération, et
particulièrement à Augée, en l'honneur de
qui il institua des cérémonies qui se pratiquent
encore aujourd'hui.
[3] On dit qu'ayant attiré dans sa capitale une grande
quantité d'hommes qui demeuraient dans les villages
circonvoisins, il agrandit Elis à proportion, et en fit
une ville très florissante et très peuplée.
Un jour qu'il consultait l'oracle de Delphes, le Dieu lui
ordonna de choisir un descendant de Pélops, et de
l'associer à l'empire. Oxylus après y avoir bien
pensé, jeta les yeux sur Agorius fils de Damosius,
petit-fils de Penthile, et arrière-petit-fils d'Oreste :
il le fit venir d'Hélice, ville d'Achaïe, avec un
petit nombre d'Achéens choisis, et lui donna part aux
affaires du gouvernement.
[4] La femme d'Oxylus se nommait, dit-on, Piéria ; c'est
tout ce que l'on en sait. Il en eut deux fils, Etolus et
Laïas : Etolus mourut jeune, et fut inhumé sous la
porte de la ville par où l'on sort pour aller au temple
de Jupiter à Olympie ; on lui éleva un tombeau en
cet endroit, à cause d'un oracle qui avait ordonné
qu'on ne l'enterrât ni au-dedans ni au-dehors de la ville.
On fait encore tous les ans son anniversaire dans le lieu
d'exercice, et c'est le préfet du lieu qui en a
soin.
[5] Oxylus étant mort, la couronne passa à son
fils Laïas. Pour celui-ci je ne vois pas que ses enfants
lui aient succédé ; ainsi je les passe sous
silence, parce que cet endroit de ma narration ne regarde pas
encore les personnes privées. Dans la suite Iphitus, un
des descendants d'Oxylus, et contemporain de Lycurgue qui a
donné des lois aux Lacédémoniens,
rétablit les jeux olympiques, et indiqua des jours
d'assemblée avec une espèce de foire franche pour
la célébration de ces jeux ; car tout cela avait
été interrompu : j'en dirai la raison lorsque j'en
serai au détail de ce qui concerne Olympie.
[6] La Grèce gémissait alors
déchirée par des guerres intestines, et
désolée en même temps par la peste. Iphitus
alla à Delphes pour consulter l'oracle sur des maux si
pressans. Il lui fut répondu par la Pythie que le
renouvellement des jeux olympiques serait le salut de la
Grèce, qu'il y travaillât donc lui et les
Eléens, Aussitôt Iphitus ordonna un sacrifice
à Hercule, pour apaiser ce Dieu que les Eléens
croyaient leur être contraire. Si l'on s'en rapporte
à une inscription qui est à Olympie, Iphitus
était fils d'Hémon ; mais la plupart des Grecs
l'ont cru fils de Proxonidas, à la réserve des
Eléens, qui par d'anciens monuments prétendent
prouver que son père portait même nom que
lui.
[7] Quant aux Eléens, ils allèrent à la
guerre de Troie, et contribuèrent ensuite à
chasser les Perses qui avaient fait une invasion dans la
Grèce. Je ne rapporte point ici toutes les guerres qu'ils
eurent avec les Arcadiens et avec Pise, au sujet des jeux
olympiques, dont ils voulaient toujours avoir la direction. Je
dirai seulement qu'obligés de suivre le parti des
Lacédémoniens, ils firent avec eux une irruption
dans l'Attique ; mais peu de temps après s'étant
ligués avec les Athéniens, les Argiens et ceux de
Mantinée, ils se déclarèrent contre
Sparte.
[8] Et Agis étant entré avec une armée
dans l'Elide par la trahison de Xénias, ils
remportèrent sur lui une grande victoire auprès
d'Olympie, dissipèrent son armée, et
chassèrent de l'enceinte du temple bon nombre de
Lacédémoniens qui s'y étaient
réfugiés ; ensuite ils firent la paix aux
conditions que j'ai dites lorsque j'ai traité des
affaires de Lacédémone.
[9] Durant les troubles que Philippe ne cessa de causer
à la Grèce, les Eléens qui pour lors
étaient fort affaiblis par leur propre division, ne
purent s'empêcher de se joindre aux Macédoniens ;
cependant ils ne voulurent jamais combattre conte les Grecs
à la bataille de Chéronée, ils agirent
seulement de concert avec Philippe lorsqu'il attaqua les
Lacédémoniens, en quoi ils ne firent que suivre la
haine invétérée qu'ils avaient contre
Sparte ; mais après la mort d'Alexandre ils se
réunirent avec les Grecs contre Antipater et contre les
Macédoniens.
V. [1] Quelques années ensuite, Aristotime fils de
Damaret et petit-fils d'Etymon, soutenu d'Antigonus fils de
Démétrius roi de Macédoine, se fit le tyran
de l'Elide. A peine avait-il joui six mois de sa domination que
Chillon, Hellanicus, Lampis et Cylon soulevèrent le
peuple contre lui : il se réfugia à l'autel de
Jupiter Sauveur ; mais Cylon sans respect du lieu l'y poignarda.
Voilà une légère mention des principaux
exploits de ces peuples.
Chapitre suivant
Traduction par l'abbé Gédoyn (1731, édition
de 1794)
NB : Orthographe modernisée et chapitrage
complété.