LXXVII - Mithridate (an de Rome 662 à 690)

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Monnaie de Mithridate

Mithridate, roi de Pont (1), descendait d'un des grands seigneurs de Perse (2). Sa force était telle qu'il conduisait six chevaux de front ; et sa mémoire si heureuse, qu'il parlait la langue des cinquante nations (3) soumises à son obéissance. Pendant les dissensions que la guerre sociale excita parmi les Romains, il chassa de Bithynie le roi Nicomède, et de la Cappadoce, Ariobarzane. Dans le même temps, il envoya dans toute l'Asie des lettres qui renfermaient l'ordre de massacrer tous les Romains (4), le même jour : ce qui fut exécuté. Après s'être emparé de la Grèce et de toutes les îles, Rhodes exceptée, il fut battu par Sylla, et sa flotte fut livrée par Archela|s. Le général romain mit une seconde fois son armée en déroute auprès d'Orchomène ; et sans doute cette guerre aurait été entièrement terminée, si, pressé d'aller combattre Marius, Sylla n'avait préféré de conclure la paix à quelque condition que ce fût. Lucullus, qui prit la place de Sylla, le chassa de la ville de Cabires (5). Enfin, Pompée acheva sa défaite dans une bataille qu'il lui livra pendant une nuit. Sans ressource, il s'enfuit dans son royaume, dont son fils Pharnace souleva les peuples contre lui. Ayant été assiégé dans une tour où il s'était retiré, il prit du poison. Comme l'effet de ce breuvage était trop lent, parce que depuis longtemps il avait rendit son corps capable de résister à tous les poisons, par un antidote qu'il avait imaginé, il fut obligé de rappeler un Gaulois, nommé Sithocus, qu'on avait envoyé pour le tuer, et qui s'enfuyait épouvanté de la majesté de son visage. Comme la main tremblait à ce meurtrier, il l'aida lui-même à exécuter l'ordre qu'il avait reçu.


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(1)  C'était un vaste royaume, situé sur le Pont-Euxin, et voisin du Palus Méotis. Il renfermait un grand nombre de provinces qui s'étendaient en Europe et en Asie.

(2)  Ces grands de l'empire des Perses avaient, au nombre de huit, formé une conjuration contre le faux Smerdis, et élu roi Darius, fils d'Hytaspe, et l'un d'entre eux.

(3)  Plusieurs auteurs, du nombre desquels est Aulu-Gelle, ne parlent que de vingt-deux nations. C'est aussi le sentiment de Quintilien, 1.II, instit. ch. 2.

(4)  Il en périt quatre-vingt mille, suivant quelques historiens, et beaucoup moins, suivant quelques autres.

(5)  Cabires, autrement Sébaste en Cappadoce, n'était qu'un château du temps de Mithridate, et ne devint une ville que sous le commandement de Pompée. Danville, géogr. anc. abr. t.2.