Acte II

Acte I Acte III

Scène 1
Fulvie, Probus

FULVIE
N'abusez point, Probus, de l'état où je suis ;
Je vous perdrai : du moins songez que je le puis.
Vous croyez, à l'abri de votre caractère,
Pouvoir impunément défier ma colère,
Et que mon coeur, tremblant à l'aspect de ce lieu,
Va mettre au même rang le ministre et le dieu :
Et quel ministre encore ! un sacrilège, un traître,
Qui, de Catilina devenu le grand-prêtre,
Des Tarquins sur son front veut ceindre le bandeau,
Et du sang des Romains nourrir ce dieu nouveau ;
Lâche, qui se dévoue aux amours de Tullie,
Qui, de ses propres dieux profanateur impie,
Prête leur sanctuaire à des feux criminels,
Déshonore le prêtre, et souille les autels.

PROBUS
Cédez moins au torrent de votre jalousie ;
Et loin de m'offenser écoutez-moi, Fulvie :
Considérez l'abîme où va vous engager
Une folle habitude à ne rien ménager.
Vous croyez vous venger, vous vous perdez vous-même,
Et de plus un amant qui peut-être vous aime.
Le dépit n'a jamais satisfait ses transports
Qu'il n'ait livré notre âme à d'éternels remords :
L'amour le mieux vengé, quelle que soit l'offense,
Est souvent le premier à pleurer sa vengeance ;
On punit l'inconstant, mais on perd en un jour
L'objet de sa tendresse et l'espoir d'un retour.
Enfin que savez-vous si l'on aime Tullie ?
A travers les fureurs dont votre âme est saisie
Croyez-vous que l'amour éclaire assez vos yeux
Pour percer les replis d'un coeur ambitieux ?
Vous savez les projets que votre amant médite :
En pénétrez-vous bien le détail et la suite ?
Un homme tel que lui doit-il à découvert
Se montrer sans prudence au grand jour qui le perd ?
Peut-il porter trop loin l'artifice et la feinte ?
Non, il faut que son coeur ne soit qu'un labyrinthe,
Que l'amour même en vain y cherche des secrets
Que pour lui la raison et l'honneur n'ont point faits.
L'usage qu'aujourd'hui vous avez osé faire
Des secrets dont l'amour vous fit dépositaire
Ne vous prouve que trop, malgré votre dépit,
Pour peu qu'il ait parlé, qu'il n'en a que trop dit.
L'impétueux Caton murmure, tonne, éclate,
Trouble tout pour servir un consul qui le flatte ;
Devenu du sénat et l'idole et l'espoir,
Cicéron est armé du souverain pouvoir :
Le sénat, qui sur lui redoute une entreprise,
Pour mettre son héros à couvert de surprise,
De l'ordre équestre entier le fait accompagner ;
Puisqu'on ne peut le perdre, il faut donc le gagner :
Pour le faire périr il faut la force ouverte ;
Mais ce serait sans fruit travailler à sa perte.
Un hymen prétendu peut calmer ses frayeurs ;
Et cet hymen devient l'objet de vos fureurs !
Plus de raison alors ; et la fière Fulvie
Expose un nom célèbre au mépris de Tullie,
Se couvre sans rougir d'un vil déguisement !
Pourquoi ce déshonneur ? pour perdre son amant.
Ah, madame ! ce coeur, dont j'ai plaint la tendresse,
De l'habit qui vous cache a-t-il pris la bassesse ?
Dans quel sein déposer des secrets dangereux,
Si le coeur d'une amante est un écueil pour eux ?
Vit-on jamais l'amour dans sa plus noire ivresse
Emprunter du dépit une langue traîtresse ?

FULVIE
Qui donc ai-je trahi, ministre ambitieux ?
Et quelle foi doit-on à des séditieux ?
La garder aux méchants, c'est partager leurs crimes.
Mais je vois que Probus connaît peu ces maximes ;
Et je sais, quand la haine enflamme vos pareils,
Jusqu'où va la noirceur de leurs lâches conseils,
Surtout dès qu'il s'agit de venger leurs injures.
César est désigné souverain des augures ;
Cicéron a brigué pour ce rival heureux,
Et le place en un rang dont on flattait vos voeux ;
Catilina d'ailleurs vous était favorable.
Le moyen qu'à vos yeux je ne sois point coupable,
Moi qui viens de sauver un consul odieux,
Qui s'est osé jouer d'un ministre des dieux ;
Qui, de sa dignité dépositaire habile,
Plein de faste aux autels, et près des grands servile,
Sur l'espoir de leurs dons mesure sa ferveur,
Et n'adore en effet que la seule faveur !
Mon devoir m'ordonnait de sauver la patrie :
Imitez-le, ou gardez vos conseils pour Tullie.
Croyez-moi, terminez d'imprudentes leçons
Qui ne font qu'irriter ma haine et mes soupçons :
Cessez de me flatter qu'on peut m'aimer encore ;
J'ai trop vu la beauté que l'infidèle adore :
Mes yeux avant ce jour ne la connaissoient pas;
Mais vous me payerez ses funestes appas :
C'est vous qui leur gagnez sur moi la préférence ;
Moi que déshonorait la seule concurrence.
Pourquoi de cet hymen m'a-t-on fait un secret ?
Et pourquoi, s'il est feint, m'en cacher le projet ?
Traître, ce n'est pas vous qui deviez me l'apprendre ;
Mais on croit n'avoir rien à craindre d'un coeur tendre :
Sachez que d'un secret à demi confié,
Dès qu'on peut une fois percer l'autre moitié,
On est toujours en droit d'en trahir le mystère,
Et qu'on ne doit plus rien à qui nous l'ose faire.

PROBUS
Hé bien ! perdez, madame, un homme généreux
Qui veut briser les fers de tant de malheureux ;
Vengez votre beauté d'un amant infidèle,
Et votre orgueil blessé des projets qu'il vous cèle ;
D'un long embrasement devenez le flambeau,
Et nous ouvrez à tous les portes du tombeau.
Mais Catilina vient ; évitez sa présence,
Ou du moins gardez-vous d'irriter sa vengeance.


Scène 2
Catilina, Fulvie, Probus

CATILINA
Probus, où sommes-nous ? et qu'est-ce que je voi ?
Quel opprobre pour Rome ! et quel affront pour moi !
C'est aux yeux du sénat, aux miens qu'une Romaine,
Au mépris des devoirs où son sexe l'enchaîne,
Sous un déguisement fait pour de vils humains,
S'en va déshonorer le premier des Romains,
De ses folles erreurs le rendre la victime,
Sans daigner seulement s'éclaircir de son crime !
Et, lorsque tout conspire à me justifier,
Sa jalouse fureur veut me sacrifier !
Eh ! quel était le but où ma valeur aspire ?
Pour qui voulais-je ici conquérir un empire ?
Est-ce pour Cicéron, l'objet de mon courroux,
Lui que je voudrais voir expirer sous mes coups ?
Non : c'est pour une ingrate à qui je sacrifie
Ma gloire, mon devoir, et le soin de ma vie.

FULVIE
Poursuis, Catilina : le reproche sied bien
A des coeurs innocents et purs comme le tien ;
Mais dans l'art de tromper, ta science suprême,
Tu m'en as trop appris pour me tromper moi-même.
Va, cesse d'éclater sur mon déguisement ;
Tout, jusqu'à ton courroux, est faux en ce moment.
Egorge Cicéron aux yeux de sa famille,
Je ne t'en croirai pas moins épris de sa fille.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que tu sais allier
La vertu, les forfaits, l'amant, le meurtrier ;
Et Tullie à tes yeux fût-elle encor plus chère,
Rien ne garantiroit la tête de son père.
Mais de quoi te plains-tu ? quel est mon attentat ?
Est-ce moi qui prétends t'accuser au sénat ?
De l'espoir d'être à toi ma tendresse enivrée
A tes lâches complots ne m'a que trop livrée.
Songe que tu me dois et César et Crassus,
Les enfants de Sylla, Cépion, Lentulus.
Cruel! j'aurais voulu que tout ce qui respire
Eût été comme moi soumis à ton empire ;
Mais tandis que pour toi je séduisais les coeurs,
Tu préparais au mien le comble des horreurs ;
Et le tien, trop épris des charmes de Tullie,
A bientôt oublié ce qu'il doit à Fulvie.
Cependant qui de nous s'arme ici contre toi ?
C'est elle qui te perd, ingrat ; ce n'est pas moi.
Il est vrai qu'en son coeur j'ai voulu te détruire ;
Mais c'est là seulement qu'attachée à te nuire,
Contente de pouvoir vous désunir tous deux,
Je n'ai rien oublié pour te rendre odieux.
Eh ! pouvois-je prévoir que l'honneur chimérique
De sauver les débris d'un nom de république
Porterait une amante à perdre son amant ?
Mais pour t'en garantir je ne veux qu'un moment ;
Abandonne à mon coeur le soin de ta défense :
Je ne sais s'il te doit ou tendresse ou vengeance;
Je ne veux sur ce point nul éclaircissement
Qui puisse triompher d'un plus doux mouvement :
Mais par un désaveu souffre que j'humilie
A l'aspect du sénat l'orgueilleuse Tullie ;
Son coeur est désormais indigne de ta foi.

CATILINA
Tullie en me perdant se rend digne de moi ;
Et vous, qui prétendez me sauver par un crime,
Vous ne méritez plus mes voeux ni mon estime.
C'est au sénat qu'il faut m'accuser aujourd'hui ;
Je ne redoute rien ni de vous ni de lui.
Si jamais vous osiez y démentir Tullie,
Un affront si sanglant vous coûterait la vie :
Ainsi déclarez tout ; c'est l'unique moyen
De regagner un coeur qui ne vous doit plus rien.
Vos fureurs n'ont que trop épuisé ma constance.


Scène 3
Catilina, Fulvie, Probus, les licteurs

CATILINA
Mais je vois les licteurs, et le consul s'avance ;
éloignez-vous d'ici.

FULVIE
                     Tu me braves, ingrat.
Adieu : tu me verras ce jour même au sénat.
(elle sort.)


Scène 4
Catilina, Probus, les licteurs

CATILINA
Probus, suivez ses pas ; allez tous deux m'attendre,
Et cachez Manlius, qui doit ici se rendre.


Scène 5
Cicéron, Catilina, les licteurs

CICERON fait signe aux licteurs de s'éloigner.
C'est vous, Catilina, que je cherche en ces lieux,
Non comme un sénateur jaloux et furieux,
Mais comme un ennemi qui sait régler sa haine
Sur ce qu'en peut permettre une vertu romaine.
Enfin, depuis le jour que le sort des Romains
Par le choix des tribuns fut remis en mes mains,
Vous ne m'avez point vu, soigneux de vous déplaire,
Braver l'inimitié d'un si noble adversaire.
Je remportai sur vous l'honneur du consulat
Sans acheter les voix du peuple et du sénat ;
Et vous savez assez que cette préférence,
Qui flattait vos désirs, passait mon espérance ;
Mais le sénat, toujours en butte à vos mépris,
Réunit en moi seul les voeux et les esprits :
Encor si quelquefois vous daigniez vous contraindre ;
Que, fait pour être aimé, vous vous fissiez moins craindre ;
Que, mettant à profit tant de dons précieux,
Vous affectassiez moins un orgueil odieux !
Mais, bravant le sénat et les consuls ensemble,
A vos moindres chagrins vous voulez que tout tremble.
Regardez ces autels, voyez parmi nos dieux
Ces marbres consacrés aux noms de vos aïeux ;
Leurs grands coeurs ont toujours haï la tyrannie,
Et Rome n'a jamais tremblé que pour leur vie.
Si, moins ambitieux, votre haute valeur
Ne nous eût inspiré que la même terreur,
Qui d'entre nous pouvait refuser son suffrage
Aux vertus dont le ciel a fait votre partage.
Politique, orateur, capitaine, soldat ;
Vos défauts des vertus ont même encor l'éclat ;
Quel citoyen pour nous, et le plus grand peut-être,
S'il nous menaçait moins de nous donner un maître !
On dit... mais je crois peu des bruits mal assurés
Qui vous osent nommer parmi des conjurés :
Tout défiant qu'il est, Caton ne l'ose croire.
Cependant le sénat, jaloux de votre gloire,
Pour étouffer des bruits qui dans un sénateur
Pourraient en vous blessant blesser son propre honneur,
Dès hier vous nomma gouverneur de l'Asie ;
Pompée et Pétréius descendus vers Ostie,
L'un et l'autre chargés de vous y recevoir,
Remettront dans vos mains leur souverain pouvoir.
Partez donc ; et songez que votre obéissance
Peut seule être le prix de notre confiance.

CATILINA
Ainsi donc le sénat veut, sans me consulter,
Me charger d'un emploi que je puis rejeter :
Je ne sais s'il a cru me forcer à le prendre ;
Mais j'ignore comment vous osez me rapprendre,
Et croire m'éblouir jusqu'à me déguiser
Tout l'affront d'un honneur que je dois mépriser.
On me hait, on me craint, on conspire dans Rome ;
Parmi des conjurés c'est moi seul que l'on nomme :
Cependant le sénat, peu certain de ma foi,
Daigne malgré ces bruits m'honorer d'un emploi ;
Le farouche Caton, devenu plus flexible,
D'aucun soupçon encor ne paraît susceptible ;
Et Cicéron ne vient armé que de bienfaits,
Lorsqu'il peut par la foudre arrêter mes projets.
Mais d'un consul jaloux la politique habile
Devrait mieux me cacher que c'est lui qui m'exile,
Et ne point abuser de la crédulité
D'un sénat trop jaloux de son autorité :
Car enfin tous ces bruits, enfants de sa faiblesse,
N'ont d'autres fondements qu'un soupçon qui vous blesse.

CICERON
N'est-ce rien selon vous que d'être soupçonné ?
A votre ambition sans cesse abandonné,
Vous causez tant de trouble et tant d'inquiétude,
Que le moindre soupçon tient lieu de certitude :
Dès qu'on ose alarmer le pouvoir souverain,
On est toujours suspect d'un coupable dessein ;
Peut-on trop sur ce point rassurer la patrie ?
Acceptez-vous l'emploi que Rome vous confie ?
C'est pour m'en éclaircir que je viens vous trouver.

CATILINA
J'entends ; c'est sur ce point que l'on veut m'éprouver :
Si j'accepte l'emploi, c'est à tort qu'on m'accuse ;
Et je suis criminel dès que je le refuse.
Mais, malgré l'appareil d'un frivole discours,
Je perce en ce moment à travers vos détours :
L'intérêt des Romains n'est pas ce qui vous guide.
C'est le seul mouvement d'une haine perfide,
Que le fiel de Caton sut toujours enflammer,
Et que mes soins en vain ont tenté de calmer :
J'ai fait plus ; j'ai brigué jusqu'à votre alliance ;
Et lorsque Rome attend avec impatience
Un hymen qui pourrait rassurer les esprits,
Vous osez le premier signaler des mépris !
Et depuis quand, seigneur, l'intérêt de ma gloire
Vous fait-il craindre un bruit que Caton n'ose croire ;
Quand ce même Caton, citoyen furieux,
Répand seul contre moi ces bruits injurieux,
Que vous autorisez avec trop d'imprudence,
Vous qui, de son orgueil nourrissant l'insolence,
Consacrez chaque jour ses transports insensés ?
Je vous connais tous deux mieux que vous ne pensez :
Timide, soupçonneux, et prodigue de plaintes,
Cicéron lit toujours l'avenir dans ses craintes ;
Et Caton, d'un génie ardent, mais limité,
Ne connaît de vertu que la férocité ;
Prompt à se courroucer, enclin à contredire,
La haine est le seul dieu qui le meut et l'inspire.
Mais c'est perdre le temps en discours superflus,
Et je reviens aux soins qui vous touchent le plus.
Alarmé d'un pouvoir dont la grandeur vous blesse,
L'ardeur d'en triompher vous occupe sans cesse ;
Et comme il vous fallait le secours d'un emploi
Pour éloigner de Rome un homme tel que moi,
Vous m'avez fait nommer gouverneur de l'Asie,
Bienfait que je tiendrais de votre jalousie ;
Mais mon nom seul ici vous faisant tous trembler,
Vous vous flattez qu'ailleurs vous pourrez m'accabler :
Déjà par Manlius l'Italie occupée
Va bientôt se remplir des troupes de Pompée ;
Et ce fameux vainqueur de tant de nations
Vous offre son épée avec ses légions.
Que d'inutiles soins dans le temps que Tullie
Pourrait à votre gré disposer de ma vie !
Car de ces noirs complots qui causent tant d'effroi
Elle a dû déclarer que le chef c'était moi :
Je ne présume pas qu'à son devoir soumise,
Elle ait pu vous celer le chef de l'entreprise :
Pourquoi donc au sénat ne pas me déférer ?
J'entrevois les raisons qui vous font différer ;
C'est que mon rang demande une preuve plus grave
Que les rapports suspects d'un malheureux esclave :
Mais mon honneur m'engage à vous désabuser ;
Avec ce seul témoin vous pouvez m'accuser ;
Son nom garantit tout : cet esclave est Fulvie,
Qui, jalouse en secret des charmes de Tullie,
A cru devoir troubler quelques soins innocents
Qu'exigeaient d'un grand coeur des charmes si touchants.
Qui croiroit qu'un consul si prudent et si sage
Eût été le jouet d'une femme volage ?
Vous rougissez, seigneur ; mais c'est avec éclat
Que je veux aujourd'hui me venger au sénat ;
Car c'est là qu'en consul vous devez me répondre,
Et c'est là qu'en héros je saurai vous confondre.
Adieu.


Scène 6
Cicéron

CICERON
                     Dans quel désordre il laisse mes esprits !
Quelle honte pour moi si je m'étais mépris !
Catilina pourrait ne pas être coupable :
Mais qu'il est dangereux, et qu'il est redoutable !
Quel ennemi le sort nous a-t-il suscité !
Que de courage ensemble et de subtilité !
Son génie éclairé voit, pénètre, ou devine.
Rome n'est plus, les dieux ont juré sa ruine.
Essayons cependant de calmer la fureur
Du perfide ennemi qui fait tout mon malheur :
S'il paraît au sénat et qu'il s'y justifie,
Son triomphe bientôt me coûterait la vie.
Malgré tous ses détours j'entrevois ce qu'il veut ;
Mais nous serions perdus s'il osait ce qu'il peut.
Employons sur son coeur le pouvoir de Tullie,
Puisqu'il faut que le mien jusque-là s'humilie.
Quel abîme pour toi, malheureux Cicéron !
Allons revoir ma fille, et consulter Caton ;
C'est là que je pourrai dans le coeur d'un seul homme
Retrouver à la fois nos dieux, nos lois, et Rome.



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