[La guerre contre les corsaires]

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XXIII. La puissance des pirates, qui prit naissance en Cilicie, eut une origine d'autant plus dangereuse, qu'elle fut d'abord à peine connue (22). Les services qu'ils rendirent à Mithridate pendant sa guerre contre les Romains augmentèrent leurs forces et leur audace. Dans la suite, les Romains, qui, occupés par leurs guerres civiles, se livraient mutuellement des combats jusqu'aux portes de Rome, laissèrent la mer sans armée et sans défense. Attirés insensiblement par cet abandon, les pirates firent de tels progrès, que, non contents d'attaquer les vaisseaux, ils ravageaient les îles et les villes maritimes. Déjà même les hommes les plus riches, les plus distingués par leur naissance et par leur capacité, montaient sur des vaisseaux corsaires, et se joignaient à eux ; il semblait que la piraterie fût devenue un métier honorable, et qui dût flatter l'ambition. Ils avaient, en plusieurs endroits, des arsenaux, des ports, et des tours d'observation très bien fortifiées ; leurs flottes, remplies de bons rameurs et de pilotes habiles, fournies de vaisseaux légers que leur vitesse rendait propres à toutes les manoeuvres, affligeaient encore plus par leur magnificence qu'elles n'effrayaient par leur appareil : leurs poupes étaient dorées ; ils avaient des tapis de pourpre et des rames argentées ; on eût dit qu'ils faisaient trophée de leur brigandage : on entendait partout sur les côtes les sons des instruments de musique ; partout on voyait des hommes plongés dans l'ivresse ; partout, à la honte de la puissance romaine, des officiers du premier ordre étaient jetés dans les fers, et des villes captives se rachetaient à prix d'argent : on comptait plus de mille de ces vaisseaux corsaires qui infestaient les mers, et qui déjà s'étaient emparés de plus de quatre cents villes. Les temples, jusqu'alors inviolables, étaient profanés et pillés ; tels que ceux de Claros, de Didyme (23), de Samothrace, de Cérès (24) à Hermione, et d'Esculape à Epidaure. Ceux de Neptune dans l'isthme, à Ténare et à Calaurie ; d'Apollon à Actium et à Leucade ; enfin, ceux de Junon à Samos, à Argos et à Lacinie. Ils faisaient aussi des sacrifices barbares qui étaient en usage à Olympe (25), et ils célébraient des mystères secrets, entre autres ceux de Mithrès (26), qui se sont conservés jusqu'à nos jours, et qu'ils avaient, les premiers, fait connaître.

XXIV. Non contents d'insulter ainsi les Romains, ils osèrent encore descendre à terre, infester les chemins par leurs brigandages, et ruiner même les maisons de plaisance qui avoisinaient la mer. Ils enlevèrent deux préteurs, Sextilius et Bellinus, vêtus de leurs robes de pourpre, et les emmenèrent avec leurs domestiques et les licteurs qui portaient les faisceaux devant eux. La fille d'Antonius (27), magistrat honoré du triomphe, fut aussi enlevée en allant à sa maison de campagne, et obligée, pour obtenir sa liberté, de payer une grosse rançon. Leur insolence, enfin, était venue à un tel point, que lorsqu'un prisonnier s'écriait qu'il était Romain et qu'il disait son nom, ils feignaient d'être étonnés et saisis de crainte ; ils se frappaient la cuisse, se jetaient à ses genoux, et le priaient de leur pardonner. Leur humiliation, leur état de suppliants faisaient d'abord croire au prisonnier qu'ils agissaient de bonne foi ; car les uns lui mettaient des souliers, les autres une toge, afin, disaient-ils, qu'il ne fût plus méconnu. Après s'être ainsi longtemps joués de lui et avoir joui de son erreur, ils finissaient par descendre une échelle au milieu de la mer, lui ordonnaient de descendre et de s'en retourner paisiblement chez lui ; s'il refusait de le faire, ils le précipitaient eux-mêmes dans les flots et le noyaient.

XXV. Toute notre mer, infestée par ces pirates, était fermée à la navigation et au commerce. Ce motif, plus qu'aucun autre, détermina les Romains, qui, commençant à manquer de vivres, craignaient déjà la famine, à envoyer Pompée contre ces brigands, pour leur ôter l'empire de la mer. Gabinius, un de ses amis (28), en proposa le décret, qui non seulement conférait à Pompée le commandement de toutes les forces maritimes, mais qui lui donnait encore une autorité monarchique, et une puissance absolue sur toutes les personnes, sans avoir à en rendre compte ; il lui attribuait aussi l'empire sur toute la mer, jusqu'aux colonnes d'Hercule, et sur toutes les côtes à la distance de quatre cents stades. Cet espace renfermait la plus grande partie des terres de la domination romaine, les nations les plus considérables et les rois les plus puissants. Il était autorisé enfin à choisir dans le sénat quinze lieutenants, qui rempliraient sous lui les fonctions qu'il voudrait leur assigner ; à prendre chez les questeurs et les receveurs des deniers publics tout l'argent qu'il voudrait ; à équiper une flotte de deux cents voiles, à lever tous les gens de guerre, tous les rameurs et tous les matelots dont il aurait besoin.

XXVI. Ce décret, lu publiquement, fut ratifié par le peuple avec l'empressement le plus vif. Mais les premiers et les plus puissants d'entre les sénateurs jugèrent que cette puissance absolue et illimitée, si elle pouvait être au-dessus de l'envie, était faite au moins pour inspirer de la crainte ; ils s'opposèrent donc au décret, à l'exception de César qui l'approuva, moins pour favoriser Pompée que pour s'insinuer de bonne heure dans les bonnes grâces du peuple, et se ménager à lui-même sa faveur. Tous les autres s'élevèrent avec force contre Pompée ; et l'un des consuls lui ayant dit qu'en voulant suivre les traces de Romulus, il aurait la même fin que lui, il fut sur le point d'être mis en pièces par le peuple. Catulus s'étant levé pour parler contre cette loi, le peuple, qui le respectait, l'écouta dans le plus grand silence. Il fit d'abord un grand éloge de Pompée, sans laisser voir aucun sentiment d'envie ; il conseilla au peuple de le ménager, de ne pas exposer sans cesse aux périls de tant de guerres, un si grand personnage. «Car enfin, leur dit-il, si vous venez à le perdre, quel autre général aurez-vous pour le remplacer ? - Vous-même», s'écria-t-on tout d'une voix. Catulus, voyant qu'il ne pouvait rien gagner sur le peuple, se retira. Roscius se présenta ensuite ; et personne n'ayant voulu l'écouter, il fit signe des doigts qu'il ne fallait pas nommer Pompée seul, mais lui donner un second. Le peuple, impatienté par ces difficultés, jeta de si grands cris qu'un corbeau qui volait dans ce moment au-dessus de l'assemblée en fut étourdi (29), et tomba au milieu de la foule : ce qui prouve que ce n'est pas la rupture et la séparation de l'air agité qui fait quelquefois tomber des oiseaux à terre ; cela vient de ce qu'ils sont frappés par ces clameurs qui, poussées avec force, excitent dans l'air une secousse violente et un tourbillon rapide. L'assemblée se sépara sans rien conclure ; mais, le jour qu'on devait donner les suffrages, Pompée s'en alla secrètement à la campagne ; et dès qu'il sut que le décret avait été confirmé, il rentra de nuit dans Rome, pour éviter l'envie qu'aurait excitée l'empressement du peuple à aller à sa rencontre.

XXVII. Le lendemain, à la pointe du jour, il sortit pour sacrifier aux dieux ; et le peuple s'étant assemblé, il obtint presque le double de ce que le décret lui accordait pour ses préparatifs de guerre. Il était autorisé à équiper cinq cents galères, à mettre sur pied cent vingt mille hommes d'infanterie et cinq mille chevaux. On choisit pour ses lieutenants vingt-quatre sénateurs, qui tous avaient commandé des armées ; et on y ajouta deux questeurs. Le prix des denrées ayant baissé tout à coup, le peuple satisfait en prit occasion de dire que le nom seul de Pompée avait déjà terminé cette guerre. Pompée divisa d'abord toute la mer Méditerranée en treize régions ; il assigna à chaque division une escadre avec un commandant ; et, étendant ainsi de tous côtés ses forces navales, il enveloppa, comme dans des filets, tous les vaisseaux des corsaires, leur donna la chasse, et les fit conduire dans ses ports. Ceux qui, l'ayant prévenu, s'étaient hâtés de lui échapper en se séparant, avaient cherché une retraite en divers endroits de la Cilicie, comme des essaims d'abeilles dans leurs ruches : il se disposa à les poursuivre avec soixante de ses meilleurs vaisseaux; mais il ne voulut partir qu'après avoir purgé la mer de Toscane et celles d'Afrique, de Sardaigne, de Corse et de Sicile, des brigands qui les infestaient ; il le fit eu quarante jours : il est vrai qu'il lui en coûta des peines infinies, et que ses lieutenants le secondèrent avec la plus grande ardeur.

XXVIII. Cependant à Rome le consul Pison, transporté de colère et d'envie, cherchait à ruiner les préparatifs de Pompée, et déjà il avait congédié les rameurs. Pompée, qui en fut instruit, envoya toutes ses flottes à Brunduse, et se rendit lui-même à Rome par la Toscane. Dès qu'on y fut informé de son arrivée, le peuple sortit en foule au devant de lui, comme s'il y eût eu longtemps qu'il l'avait conduit hors de la ville à son départ. Ce qui causait la joie de la multitude, c'est que, par un changement aussi prompt qu'inespéré, les vivres arrivaient avec la plus grande abondance. Aussi Pison risqua-t-il d'être déposé du consulat : Gabinius en avait déjà dressé le décret ; mais Pompée empêcha qu'il ne fût proposé. Après avoir terminé les affaires avec beaucoup de douceur, et avoir pourvu à tous ses besoins, il se rendit à Brunduse, où il s'embarqua. Comme il était pressé par le temps, il n'entra dans aucune des villes qui se trouvaient sur son passage ; il s'arrêta seulement à Athènes, et, après y avoir fait des sacrifices aux dieux et salué le peuple, il s'en retourna. En sortant, il vit des inscriptions qu'on avait faites à sa louange, et qui n'avaient chacune qu'un seul vers ; l'une était au dedans de la porte, et disait :

Plus tu te montres homme, et plus tu parais dieu ;

l'autre, placée en dehors, était conçue en ces termes :

Athènes t'attendait ; elle te voit, t'honore (30).

XXIX. Quelques-uns de ces pirates qui, réunis ensemble, écumaient encore les mers, ayant eu recours aux prières, il les avait traités avec beaucoup de douceur : maître de leurs vaisseaux et de leurs personnes, il ne leur avait fait aucun mal. Cet exemple ayant donné à un grand nombre d'autres d'heureuses espérances, ils évitèrent les lieutenants de Pompée, et allèrent se rendre à lui avec leurs enfants et leurs femmes. Il leur fit grâce à tous, et se servit d'eux pour suivre à la piste ceux qui se sentant coupables de trop grands crimes pour en espérer le pardon, se cachaient avec soin ; il en prit plusieurs. Le plus grand nombre (c'étaient aussi les plus puissants) ayant mis en sûreté leurs familles, leurs richesses, et la multitude inutile, dans des châteaux et des forteresses, du mont Taurus, montèrent sur leurs vaisseaux devant la ville de Coracésium (31) en Cilicie, et attendirent Pompée, qui venait les attaquer. Après un grand combat, dans lequel ils furent battus, ils se renfermèrent dans la ville, où Pompée les assiégea ; mais bientôt ayant demandé à être reçus à composition, ils se rendirent, livrèrent les villes et les îles qu'ils occupaient, et qu'ils avaient si bien fortifiées, qu'elles étaient non seulement difficiles à forcer, mais presque inaccessibles. Leur soumission termina la guerre. Pompée n'avait pas mis plus de trois mois à purger les mers de tous ces pirates. Il prit un très grand nombre de vaisseaux, entre autres quatre-vingt-dix galères armées d'éperons d'airain, et fit vingt mille prisonniers. Il ne voulut pas les faire mourir ; mais il ne crut pas sûr de renvoyer tant de gens pauvres et aguerris, ni de leur laisser la liberté de s'écarter ou de se rassembler de nouveau. Réfléchissant que l'homme n'est pas, de sa nature, un animal farouche et indomptable; qu'il ne le devient qu'en se livrant au vice contre son naturel ; qu'il s'apprivoise en changeant d'habitation et de genre de vie ; que les bêtes sauvages elles-mêmes, quand on les accoutume à une vie plus douce, dépouillent leur férocité, il résolut d'éloigner ces pirates de la mer, de les transporter dans les terres, et de leur inspirer le goût d'une vie paisible, en les occupant à travailler dans les villes ou à cultiver les champs (32). Il plaça les uns dans les petites villes de la Cilicie les moins peuplées, qui les reçurent avec plaisir, parce qu'il eur donna des terres pour leur entretien. Il en mit un grand nombre dans la ville de Soli (33), que Tigrane avait depuis peu détruite et dépeuplée, et qu'il fit rebâtir. Enfin, il envoya les autres à Dyme, ville d'Achaïe, qui manquait d'habitants, et dont le territoire était aussi étendu que fertile.

XXX. Cette conduite fut blâmée par ses envieux ; mais ses procédés en Crète, à l'égard de Métellus, affligèrent ses meilleurs amis mêmes. Ce Métellus, parent de celui que Pompée avait eu pour collègue en Espagne, était allé commander en Crète avant que Pompée fût nommé pour faire la guerre aux corsaires. Après la Cilicie, l'île de Crète était une seconde pépinière de pirates ; Métellus en ayant pris un grand nombre, les avait fait punir de mort. Ceux qui restaient, étant assiégés par ce général, envoyèrent des députés à Pompée pour le supplier de venir dans leur île, qui faisait partie de son gouvernement, et se trouvait renfermée de tous côtés dans l'étendue de mer soumise à son autorité. Pompée accueillit leur demande, et écrivit à Métellus pour lui défendre de continuer la guerre. Il manda aussi aux villes de ne plus recevoir les ordres de Métellus, et envoya son lieutenant Lucius Octavius pour commander à sa place. Octavius étant entré dans les villes assiégées, y combattit pour la défense des pirates, et rendit Pompée non moins ridicule qu'odieux, de prêter ainsi son nom à des scélérats, à des impies ; et, par une suite de sa rivalité, de sa jalousie contre Métellus, de les couvrir de sa réputation comme d'une sauvegarde : car, disait-on, Achille même, dans Homère, se conduit, non en homme sensé, mais comme un jeune étourdi qu'emporte un vain amour de gloire, lorsqu'il fait signe aux autres Grecs de ne pas tirer sur Hector,

Pour qu'on laisse à lui seul l'honneur de la victoire (34)

Que penser donc de Pompée qui combattait pour sauver les ennemis communs du genre humain, afin de priver des honneurs du triomphe un général qui avait pris tant de peine à les détruire ? Métellus ne céda point à l'autorité de Pompée, il prit d'assaut ces corsaires, les fit punir de mort ; et après avoir accablé de reproches Octavius au milieu même du camp, il le renvoya couvert de mépris.


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(22)  La puissance des pirates avait déjà fait de grands progrès, lorsque les Romains, occupés jusqu'alors par des guerres civiles et étrangères, commencèrent à y faire attention vers l'an de Rome six cent quatre-vingts. On voit dans Florus, liv. III, chap. VI, le détail des événements de cette guerre, que Pompée eut la gloire de terminer.

(23)  Amyot a traduit ici : le temple des Jumeaux en l'île de Claros ; mais la manière dont le texte est conçu prouve qu'il n'est pas question des Jumeaux, c'est-à-dire de Castor et de Pollux. Plutarque dit très distinctement : le temple de Claros, le temple de Didyme, le temple de Samothrace ; ce qui désigne trois lieux et trois temples différents. Didyme est un canton du territoire de Milet, ville située sur la côte de l'Asie appelée Ionie, où était un temple fameux consacré à Jupiter et à Apollon, et, à cause de cela peut-être, nommé Didyméen, parce que Didyme, en grec, signifie deux : Strabon, Méla, Pausanias, Quinte-Curce, tous les écrivains anciens, en sont d'accord. Ceux-ci ne le présentent que sous le nom d'Apollon Didyméen ; mais Etienne de Byzance le rend, d'après Callimaque, commun à Jupiter et à Apollon. Le sacerdoce en avait été longtemps confié aux Branchides. M. Dacier s'est trompé aussi en cet endroit, en supposant que Plutarque place ce temple dans l'île de Claros. La distinction des deux temples est bien marquée par Plutarque lui-même. - Claros, île de la mer Ionienne, fameuse par son temple d'Apollon. - Samothrace est une île de la mer Egée, au-dessous de la Thrace, vis-à-vis l'embouchure de l'Ebre.

(24)  Amyot a mis ici la Terre au lieu de Cérès ; il n'y avait point à Hermione de temple de la Terre, comme l'observe M. Dacier ; mais il y en avait un très célèbre de Cérès. Il y a dans le texte Chtonia, et ce nom désigne Cérès, comme on le voit par un passage de Pausanias, liv II, chap. XXXV. Hermione et Epidaure sont deux villes de l'Argolide. - L'isthme dont il est parlé tout de suite est celui de Corinthe. - Ténare était un promontoire du Péloponèse, entre ceux de Malée et de Coryphase ; c'est là que les anciens plaçaient un des gouffres par où l'on descendait aux enfers. - Calaurie, petite île à environ trente stades (une lieue et demie) de celle de Crète. - Actium, sur le golfe d'Ambracie, au nord-ouest de l'Acarnanie. - Leucade est une petite île le long des côtes de l'Acarnanie, très connue par son promontoire. - Samos, ville célèbre sur les côtes de l'Ionie. Au lieu de Lacinie, on lit dans le texte Lucanie ; c'est une altération de copiste, aucun ancien ne fait mention d'un temple de Junon en Lucanie, et tous parlent d'un temple fameux de Junon, surnommée Lacinienne, à cause du promontoire Lacinium, où elle était en grande vénération. Sur ce côté de l'Italie qui regarde la mer Ionienne, il y a trois promontoires fameux : au midi est le Zéphyrien ; au nord, l'Iapygien ; dans le milieu, le Lacinium. Cicéron raconte dans son Traité de la divination, liv. I, chap. XXIV, qu'Annibal, effrayé par un songe, n'osa enlever une colonne d'or qui était dans ce temple ; et Flavius Flaccus périt misérablement l'an de Rome cinq cent quatre-vingt-trois, selon Tite-Live, liv. XLII, chap. XXVIII, pour l'avoir dépouillé l'an de Rome cinq cent quatre-vingt-un.

(25)  Il ne s'agit point ici du mont Olympe, entre la Thessalie et la Macédoine, montagne si célèbre chez les poètes, qui en avaient fait le séjour des dieux. Il y a eu plusieurs autres montagnes et villes de ce nom.

(26)  Le culte de Mithrès, qu'on croit communément être le soleil, paraît avoir pris son origine en Perse, d'où il se répandit dans le reste du monde. Les Romains en durent la première connaissance aux pirates détruits par Pompée ; mais il ne s'établit à Rome que sous le règne de Trajan, suivant la remarque de M. Fréret, Acad. des Inscriptions, t. XVI, p. 272, 273.

(27)  M. Antonius, envoyé proconsul en Cilicie l'an de Rome six cent cinquante-deux, fut consul trois ans après avec A. Posthumius Albinus ; c'était l'aïeul de Marc-Antoine le triumvir, et un des plus célèbres orateurs que Renne eût encore eus. Sa maison était à Misène, comme on le voit par un passage de l'Oraison de Cicéron pour la loi Manilia, chap. XII.

(28)  Ce Gabinius était tribun du peuple ; Cicéron en parle dans plusieurs de ses Oraisons, et en particulier dans celle qui a pour titre, des Provinces consulaires, chap. VI, où il en fait le portrait le plus affreux.

(29)  Le mot grec employé ici par Plutarque signifie proprement aveuglé ; l'usage de ce mot est remarquable pour dire étourdi. Nous avons déjà vu un autre exemple de cette chute d'oiseaux dans la vie de Flamininus, chap. XIV, lorsque ce général romain fit publier à l'assemblée des jeux Isthmiques la liberté générale de la Grèce.

(30)  Pompée ne vit ces inscriptions qu'en sortant, parce qu'elles n'avaient été faites que depuis son entrée dans la ville et pendant le séjour qu'il y fit. Horace a rendu le sens de la première dans ce beau vers, où il dit au peuple Romain, et par lui à Auguste :
Dis te minorem quod geris, imperas. (Car. Lib.III, od. VI, V, 5.)
C'est à votre soumission aux dieux que vous devez l'empire du monde.

(31)  Ville maritime de la Cilicie, à l'entrée de la Pamphylie, sur un roc escarpé. Voyez Strabon, liv. XIV, p. 667 et 668.

(32)  Florus, liv. III, chap. VI, loue avec raison cette prudence de Pompée : c'est une chose certaine, et prouvée par l'expérience, que le changement de manière de vivre et d'habitation produit celui des moeurs.

(33)  Soli, ville de la Cilicie, près de l'embouchure du Cydnus, fut appelée depuis Pompéiopolis. Strabon, ibid. p. 665.

(34)  Ce vers est tiré du vingt-deuxième livre de l'Iliade, vers 207. On voit ici le jugement que les sages Romains portaient de cette vanité d'Achille, qui ne veut pas que personne partage avec lui la gloire qu'il attache à faire périr Hector de sa main.