XII - Mutius Scaevola (an de Rome 246)

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Dans le temps que le roi Porsenna assiégeait la ville de Rome, Mutius Cordus (1), homme d'une constance vraiment romaine, se rendit au sénat et lui demanda la permission de passer chez les ennemis, promettant de tuer leur roi. Le sénat consentit à sa demande. Il arriva donc au camp ; mais, trompé par le vêtement de pourpre d'un des officiers de Porsenna, il lui donna la mort, croyant la donner à ce prince. Ayant été arrêté à l'instant même et conduit au roi, il présenta sa main droite à des charbons allumés sur un autel (2), pour la punir de son erreur. Le roi, touché de compassion, ordonna qu'on le mît en liberté. Alors Mutius, pour lui témoigner sa reconnaissance, lui dit que trois cents jeunes Romains avaient aussi conspiré contre sa personne (3). Effrayé de ces paroles, Porsenna demanda des otages au sénat ; et, lorsqu'ils lui eurent été accordés, il mit fin aux hostilités. Pour récompenser Mutius, le sénat lui donna des prés situés au-delà du Tibre, qui, dans la suite, furent appelés les prés de Mucius (4). On voulut encore l'honorer en lui érigeant une statue.


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(1)  Ce ne fut qu'après s'être brûlé la main droite que Mutius prit le surnom de Scaevola, de Scaeva, qui signifie gauche, et de Vola, concavité, parce qu'il ne pouvait plus se servir de sa main droite.

(2)  Dans ces temps éloignés on plantait les enseignes, et l'on élevait des autels à l'entrée des camps. Ainsi le culte des dieux et l'amour de la patrie allaient de pair dans les armées.

(3)  Mutius mentait ; mais il voulait effrayer Porsenna.

(4)  Dans la suite, les pêcheurs qui habitaient sur la rive droite du Tibre célébrèrent des jeux dans ces prés, voisins d'un port de la ville.