XIII - Clélie (an de Rome 246)

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Au nombre des otages envoyés à Porsenna se trouvait une jeune fille d'une illustre naissance, nommée Clélie (1). Une nuit, après avoir trompé ses gardes, elle s'échappa du camp, se saisit d'un cheval que le hasard lui offrit, et traversa le Tibre à la nage. Le roi, instruit de son évasion, la fit redemander au sénat. Elle lui fut renvoyée. Pénétré d'admiration pour son courage, il lui permit aussitôt de retourner dans sa patrie avec ceux d'entre les otages qu'il lui plairait d'emmener. Clélie choisit les jeunes filles et les jeunes garçons que leur âge exposait le plus aux insultes. Le sénat lui fit élever dans le forum une statue équestre (2).


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(1)  Au premier coup d'oeil, il paraît absurde et contraire aux bonnes moeurs que Porsenna ait demandé de jeunes filles pour otages ; et l'on aurait peine à le croire, si Tacite ne disait dans son livre, des Moeurs des Germains, que le moyen le plus sûr de s'assurer chez eux de la fidélité des villes, c'est de leur prendre pour otages de jeunes filles nobles. Voici ses paroles, c. 8 : Adeo ut efficacius obligentur animi civitatum quibus inter obsides puellae quoque nobiles imperantur. Nous apprenons encore d'Athénée, l.12, de Polybe, l.10, et de Diodore de Sicile, l.20, qu'en plusieurs endroits c'était la coutume de donner des filles pour otages, et même des femmes.

(2)  Porsenna avait déjà fait présent à Clélie d'un cheval de bataille complètement enharnaché. Sénèque, dans son livre de la consolation, adressé à Marcia, parle ainsi de cette statue : «La statue de Clélie à cheval, dans l'endroit le plus apparent de la voie sacrée, doit faire rougir nos jeunes efféminés, lorsqu'ils entrent en litière dans une ville où nos pères ont décerné un cheval à une femme».