XIX - Didius Salvius Julianus (an de Rome 956)

Chapitre 18SommaireChapitre 20

Monnaie de Didius Julianus

Didius Salvius Julianus (1), soutenu des prétoriens que, par les promesses les plus magnifiques (2) il avait engagés à prendre ses intérêts, de simple préfet des gardes de la ville (3) qu'il était, parvint au faîte de la puissance. Issu d'une famille très illustre, il se distinguait encore par l'éminence de son savoir dans le droit civil. Il fut le premier qui mit un ordre invariable dans les lois que les préteurs avaient publiées auparavant, sans y mettre aucune liaison, sans y observer aucun rapport (4) : il prouva bien, par son exemple, que l'érudition sans la vertu est incapable de donner un frein à l'ambition ; car, malgré les préceptes de la morale austère qu'il avait enseignée, il se rendit coupable du même crime, pour la punition duquel il avait proposé un nouveau supplice (5). Il ne jouit pourtant pas longtemps de l'objet de ses désirs ambitieux. Septime Sévère, gouverneur de Syrie (6), qui faisait la guerre aux extrémités de l'empire, et qui venait d'être proclamé empereur, le vainquit près du pont Milvius ; et des soldats, envoyés à sa poursuite, lui tranchèrent la tête auprès de son palais.


Chapitre 18Haut de la pageChapitre 20

(1)  On lit dans plusieurs éditions, At Didius, an Salvius, comme si, en écrivant, notre historien eût douté lequel de ces deux prénoms était celui de Julianus. L'un et l'autre lui conviennent, parce que Didius était le prénom de son bisaïeul paternel, et Salvius celui de son bisaïeul maternel. Cependant, comme les médailles portent Marcus Didius Severus Julianus, on peut croire que les copistes ont été trompés par la lettre S, initiale de Severus, qui seule se trouvait dans leurs manuscrits.

(2)  Il avait promis à chaque soldat 25,000 sesterces ; un peu plus de 4,500 francs de notre monnaie. Le sesterce était la quatrième partie de l'as romain. Le grand sesterce était une monnaie de compte qui valait 1000 petits sesterces.

(3)  Ces gardes, qui composaient sept cohortes, avaient été établies par Auguste, pour veiller aux incendies et empêcher les vols nocturnes.

(4)  Aurelius Victor attribue ici au petit-fils un travail qui appartient à son bisaïeul maternel Salvius Julianus. Chaque année, les préteurs portaient des lois nouvelles. Ces lois avaient enfin formé un chaos que Salvius Julianus débrouilla. De ce fatras il composa un recueil qui fut nommé édit perpétuel, et auquel les préteurs furent dans la suite obligés de se conformer.

(5)  On lit, dans toutes les éditions, Quod novo supplicio plectendum ediderat, mots qui feraient croire que ce D. S. Julianus ordonna, après la mort tragique de Commode, que les parricides seraient punis d'un nouveau supplice : comme cette loi ne se trouve pas, il nous semble qu'il faudrait lire erat au lieu du mot ediderat. Nous soumettons cette idée à nos lecteurs.

(6)  Suivant Hérodien et Spartien, Septime Sévère commandait une armée romaine en Pannonie. Il fut proclamé Auguste par ses troupes, auprès de la ville de Carnuntum (Laybach).