© Bibliothèque de l'Université de Barcelone

Jaume le Conquérant - Llibre dels Feits
Manuscrit dit « de Poblet » - ms 1, fol.1 r (1343)
Bibliothèque de l'Université de Barcelone

Dès le Prologue du Livre des Faits, dont nous présentons ici la première page sur le manuscrit de Poblet, Jaume place sa destinée sous le signe d'une élection divine : « Selon monseigneur saint Jaume, Sans les oeuvres, la foi est morte ; cette parole, Notre Seigneur a voulu l'accomplir dans mes actes ». Le chapitre suivant confirme la dimension providentialiste de cette présentation de sa vie : c'est Dieu qui a voulu sa naissance, Dieu qui l'a protégé (§ 5). En tant que fils de Marie, Jaume est un petit messie, destiné à être le champion de Dieu sur terre et à en manifester la toute-puissance. Toute la suite du Livre des Faits tend à confirmer cette ligne directrice.

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Au Moyen Âge, royauté et christianisme sont indissociables : mais en un siècle où les monarchies tentent à grand peine de sortir de la féodalité et d'imposer un pouvoir plus centralisé à des ordres (Eglise, noblesse et villes) qui s'arc-boutent sur leurs propres privilèges, la religion est un vecteur privilégié de propagande. Même s'il ne dispose pas du sacre et de l'onction de Reims, le roi d'Aragon met en scène non seulement sa foi (par le motif iconographique omniprésent du roi en prière), mais plus encore les preuves de sa relation privilégiée avec Dieu ou la Vierge, par les multiples conquêtes qu'il mène sur les infidèles, et éventuellement même par les miracles auxquels il prend part : il crée ainsi les conditions du développement de son propre mythe.


© Agnès Vinas pour le texte.

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