HIPPODROMUS

  1. Hippodrome. Ce mot, chez les Romains, désigne une pièce de terre dans un jardin ou une villa, plantée d'arbres, avec diverses avenues pour se livrer à des exercices équestres (Plin. Ep. V, 6, 32 ; Mart. XII, 50).
  1. (ἱππόδρομος) Hippodrome. Ce mot, chez les Grecs, signifie une arène pour des courses de chevaux et de chars, par opposition au stadium qui était approprié à la course à pied. Souvent on ajoutait aux gymnases des hippodromes de ce genre, dans lesquels les jeunes Grecs apprenaient l'art de l'équitation (Plaut. Bacch III, 3, 27) ; mais le véritable hippodrome grec, dans lequel avaient lieu les courses publiques, répond davantage au cirque romain, malgré quelques remarquables points de différence, et il nous est mieux connu par la description que Pausanias a laissée de l'arène d'Olympie que par ses restes actuels dont il n'y a plus que quelques vestiges (Gell, Itinerary of Morea, p. 39). La différence la plus importante consistait dans l'arrangement des stalles pour les chevaux et les chars, qui n'étaient pas disposées sur un segment de cercle, comme dans le Cirque romain (voir la gravure du mot circus, A A), mais placées sur deux rangs avec des côtés curvilignes se rencontrant et s'avançant en pointes sur le devant de 1 arène. Tout le plan ressemblait donc à une proue de vaisseau avec l'éperon dans la direction de l'arène, et la base, à 1 extrémité des deux côtés, au point où ils étaient le plus éloignés l'un de l'autre, portant sur la partie plate du bout de l'hippodrome ou sur une colonnade qui la couvrait (Pausan. VI, 20, 7). On appelait cet ensemble l'ἄφεσις, et il répondait pour la situation, non pour l'arrangement, à l'oppidum d'un cirque romain. Cette disposition particulière était une invention ingénieuse de l'architecte Cléotas (Pausan. l.c.), et venait de la nécessité d'avoir une place assez considérable pour les stalles ; car il n'y en avait pas un nombre limité, douze comme chez les Romains ; tous ceux qui voulaient disputer le prix étaient admis librement. Les conducteurs tiraient leurs stalles au sort (Paus. l.c.), et la méthode suivante était adoptée pour que ceux qui étaient plus près de la pointe n'eussent aucun avantage sur ceux qui étaient derrière eux. Une corde ou barre distincte (καλώδιον, ὕσπληξ) était tendue comme une barrière sur le devant de chaque stalle ; et, quand les courses allaient commencer, les deux cordes qui fermaient les stalles éloignées de chaque côté (1, 1) étaient lâchées ensemble, de sorte que les deux chars du bout sortaient les premiers et, quand ils étaient arrivés au niveau des deux stalles suivantes (2, 2), on les ouvrait pareillement ; les quatre chars continuaient leur course, jusqu'à ce qu'ils fussent sur la même ligne que la stalle la plus proche (3, 3), où on enlevait les troisièmes barrières : et ainsi de suite jusqu'à ce que tous fussent parvenus sur la même ligne que la pointe de la proue (B), d'où ils partaient ensemble et de front (Paus. l.c.). Il est probable qu'une longue corde était tirée entièrement à ce point en travers de l'arène correspondant avec la linea alba des Romains. On comprendra clairement tout ce dessin par le plan ci-joint de l'hippodrome d'Olympie, tel que l'a suggéré Visconti pour expliquer la description de Pausanias ; quoique conjectural, il a, du moins en apparence, une grande probabilité qui lui donne du poids. En tout cas, on y prendra une idée distincte des traits les plus importants de l'hippodrome grec et de la signification des termes par lesquels chaque partie était désignée.
A. L'espace compris entre les stalles que nous avons déjà décrites.
B. La pointe ou l'éperon de l'ἄφεσις appelé ἔμβολον par Pausanias.
C. La colonnade (στοά) qui terminait l'extrémité plate de l'hippodrome : peut-être cette partie n'était-elle pas toujours ajoutée.
1, 2, 3. Les stalles pour les chevaux (οἰκήματα, carceres).
D D. L'arène (δρόμος).
E. Barrière qui divise l'arène en deux parties, comme la spina romaine, mais plus simple et moins décorée, consistant purement en une levée de terre (χῶμα) ainsi qu'on peut l'induire des mots de Pausanias (VI, 20, 8).
F. La borne que tournaient les chars (νύσσα, καμπτήρ, meta) ; peut-être y en avait-il une semblable à l'extrémité opposée comme pour la spina, dans le Cirque romain.
G. L'espace occulté par les spectateurs; c'était d'habitude des degrés taillés dans le flanc d'une montagne, ou si l'arène était dans un pays plat, ils étaient pratiqués dans une levée de terre (χῶμα) faite à cette intention ; mais ils ne portaient pas sur des corridors voûtés, et ne formaient pas une oeuvre d'architecture comme dans le Cirque romain.
On fait observer qu'un des côtés était plus long que l'autre, ce qui était le cas à Olympie (Paus. l.c.) et probablement dans la plupart des autres endroits, de manière à donner aux spectateurs une vue égale de l'arène. Au centre de l'espace occupé par les stalles était un autel provisoire (A), sur lequel était placé un grand aigle de bronze, et, à la pointe de la proue (B), il y avait une figure semblable de dauphin, tous deux mis en mouvement par un mécanisme et employés pour annoncer à la foule quand la course allait commencer, le premier en s'élevant dans l'air, le second en se précipitant vers le sol devant la multitude assemblée (Paus. l.c.).