SCAPUS (σκᾶπος)

Dans son sens primitif, ce mot désigne un objet par quoi ou au moyen duquel un autre se soutient : mainsi par exemple, la tige d'une plante qui en supporte la cime, les fleurs ; cette idée provient du sens premier du verbe skhptw, se soutenir et s'appuyer au moyen d'un bâton. Cette racine, de laquelle dérive le mot latin scapus, fournit aussi un sens convenable pour les emplois suivants du même mot :

  1. Le fût d'une colonne ; la partie qui supporte le chapiteau ( capitulum) et qui repose sur la base (spira). Le sommet du fût, tout près du chapiteau, est désigné par l'expression summus scapus ; le bas du fût, tout près de la base, par celle de imus scapus (Vitruv. III, 5). Ces différentes parties sont faciles à reconnaître dans la figure de gauche, qui représente la colonne de Trajan à Rome.
  1. Le fût ou pilier qui, dans un escalier, supporte une extrémité de chaque marche (Vitruv. IX, Praef. 8), comme le montre la figure de droite de la gravure, représentant la construction intérieure de la même colonne.
  1. Un des quatre montants verticaux qui forment les grands côtés des battants, et où sont emmortaisées les pièces horizontales ou traverses (impages, Vitruv. IV, 6, 5) ; les scapi, dans la gravure ci-après, sont les quatre montants décorés de têtes de clous. La figure représente une ancienne porte de bronze qui appartient maintenant à l'église de Saint Théodore, à Rome.
  1. Scapus cardinalis (στρόφιγξ). Montant principal d'un battant de porte, celui qui en formait l'axe, et auquel s'attachaient en haut et en bas les pivots (cardines) qui maintenaient la porte, quand elle n'avait pas de gonds (ginglymi), et qui la faisaient tourner autour de son axe en tournant sur eux-mêmes dans deux alvéoles pratiquées pour les recevoir, l'une dans le seuil, l'autre dans le linteau de la porte (Vitruv. IV, 6, 4). On voit le scapus cardinalis à droite de la gravure ci-contre, qui représente une porte antique dont la cage est en marbre et les battants en bronze, encore debout à Rome ; il est représenté, pour plus de clarté, dans le dessin, comme on le verrait si l'ornement (antepagmentum) qui le cache de l'autre coté était enlevé.
  1. (καυλός). La tige d'un candélabre (candelabrum), c'est-à-dire la partie comprise entre le pied, la base par laquelle il s'appuis sur le sol, et le chapiteau ou le plateau qui le termine (superficies), sur lequel on plaçait la lampe (Plin. H.N. XXXIV, 6). L'emploi de ce terme implique aussi qu'il s'agit d'un plateau élevé suporté sur une tige mince comme celle d'une plante. Le candélabre était fait pour être posé à terre, et on lui donnait une très grande hauteur, afin que la lumière pût être assez élevée pour éclairer la chambre ; c'est ce que montre la figure ci-jointe, d'après un original découvert à Pompéi.
  1. Le fléau d'une romaine (statera, Vitruv. X, 3, 4), par opposition à jugum, celui d'une balance (libra). le specimen est une reproduction d'un original en bronze trouvé à Pompéi.
  1. Cylindre de bois autour duquel on roulait des manuscrits, du papier, comme on le fait encore actuellement pour les cartes (Plin. H.N. XIII, 23).
  1. Celle des ensouples d'un métier de tisserand autour de laquelle se trouve enroulée la chaîne ourdie et parée (stamen), et de laquelle les fils vont à une autre ensouple, qu'on appelle aussi rouet (insubulum), et autour de laquelle se roule l'étoffe au fur et à mesure qu'elle est tissée.
Elle tient aux deux montants du métier par deux poignées qui lui permettent de glisser tout le long. On lui donne l'épithète de bruyante (sonans, Lucret. V, 1352), soit parce que l'on faisait quelquefois pendre sous elle des poids attachés aux fils de la chaîne pour les maintenir tendus, poids qui se seraient leurtés les uns contre les autres, quand ils auraient été secoués par les coups du battant (spatha), soit à cause du bruit que pouvaient faire les poignées choquant les montants à ce même instant du tissage.