La maison de Diomède

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Entrée de la maison de Diomède


Cette maison, découverte de 1771 à 1775, est désignée par les divers auteurs sous les noms de maison de campagne, maison du faubourg, casa pseudo-urbana, ou suburbana, enfin de maison d'Arrius Diomède. Sa situation en face du tombeau de ce personnage ne peut pas toutefois être regardée comme une preuve décisive qu'il en était le propriétaire, puisque toute la rue était bordée de tombeaux, et que celui de Naevoleia Tychè et de Munatius Faustus, étant également voisin de cette belle habitation, pourrait tout aussi bien avoir été la sépulture de ses propriétaires.

Plus voisine du volcan que toutes les autres, cette maison dut être détruite la première, aussi aucune ne paraît avoir fourni un pareil nombre de victimes ; elle est une des plus vastes qui soient sorties des fouilles, et en même temps une des plus intéressantes par le nombre de ses dépendances et sa distribution toute particulière.

Elle est divisée en deux parties situées à un niveau différent ; aussi indiquerons-nous sur notre plan, par des lettres et par une teinte moins foncée, les bâtiments qui se trouvent sur le sol le moins élevé, distinguant par une teinte foncée et par des chiffres ceux qui occupent la position supérieure. Ces derniers, qui composent la partie consacrée à l'habitation, couvrent un terrain exhaussé d'environ 1m 60 au-dessus du pavé de la rue des Tombeaux ; on y monte par un perron de sept marches 1, que surmontait une sorte de porche formé d'un toit à fronton soutenu par deux colonnes dont les fûts sont encore en place.

Après avoir franchi le seuil et une espèce de petit vestibule ou prothyrum que l'on a fait de forme triangulaire pour raccorder le péristyle 3 avec l'alignement de la rue, on se trouve dans celui-ci qui, par une disposition indiquée par Vitruve comme propre aux maisons de campagne, ne se trouve pas relégué, comme à l'ordinaire, dans la partie la plus reculée de l'habitation.

Le péristyle était entouré de 14 colonnes d'ordre dorique revêtues de stuc, lisses et peintes en rouge par le bas, blanches et cannelées dans les deux tiers supérieurs. Le chapiteau était orné de quelques filets rouges. On voit encore dans la muraille les trous des chevrons du toit qui couvrait les portiques et venait s'appuyer sur les colonnes. Autour de l'area li était un caniveau, d'où les eaux s'écoulaient dans une citerne placée au-dessous et dans laquelle on pouvait puiser par deux margelles cannelées 5 placées entre les colonnes ; l'une était en travertin et l'autre en marbre, et toutes deux étaient peintes en rouge ; on y voit encore les traces du frottement de la corde. Sous le portique, à droite de la porte d'entrée, est un escalier 6 descendant aux bâtiments que nous appellerions aujourd'hui les communs, et à un corridor 7 qui conduisait au jardin situé, comme je l'ai dit, à un niveau inférieur d'environ 3 mètres.

Bain de la maison de Diomède

A côté de la porte de l'escalier était un laraire dans lequel on trouva une Minerve ; sous le portique oriental du péristyle existe l'entrée 8 de plusieurs pièces formant un charmant petit bain qui, fouillé en 1772, avant la découverte des thermes publics, avait déjà donné des renseignements bien précieux. D'abord se présente une petite cour triangulaire 9, entourée de deux côtés d'un portique soutenu par six colonnes octogones à chapiteaux très-simples, et présentant à l'une de ses extrémités un petit fourneau destiné sans doute à la préparation de quelque boisson chaude à l'usage des baigneurs. On y trouva un chaudron, une poêle à deux anses encore noircie par la fumée, un gril et plusieurs pots de terre. Dans l'angle à côté du fourneau est un petit cabinet de toilette.

Au troisième côté adossé à la muraille qui longe la rue des Tombeaux, est un bassin de 2m 17 de largeur, 2m 85 de longueur et lm 10 de profondeur, revêtu de stuc, et dont le rebord, pluteus, est couvert de dalles de marbre. On y descendait par trois marches pratiquées dans l'un des angles. L'eau s'écoulait à volonté sur la voie publique. Cette baignoire, baptisterium, destinée au bain froid en commun, recevait l'eau d'un mascaron dont on voit encore la trace ; elle était abritée par un toit à double versant soutenu d'un côté par la muraille, de l'autre par deux colonnes. La cour et le portique étaient pavés en mosaïque blanche et noire. La muraille au-dessus du bassin était ornée de peintures représentant sur fond bleu divers poissons et mollusques ; on y reconnaissait entre autres la sèche, seppia, et le poisson à long bec que les Napolitains nomment pesce spada. Les panneaux à droite et à gauche de celui-ci offraient des arbres et des oiseaux sur fond jaune. Ces peintures que Mazois a pu dessiner sont aujourd'hui presque effacées, et il en est de même de presque toutes celles qui décoraient les diverses pièces de cette splendide demeure ; heureusement elles nous ont été conservées par la gravure et quelques-uns des sujets qui occupaient des milieux de panneaux sont au musée de Naples.

La salle 10 était l'apodyterium ou spoliatorium, où l'on quittait ses vêtements ; on y trouva sur la cendre l'empreinte d'un panier. Le frigidarium 11 et le tepidarium 12 ne contenaient point de baignoires, mais servaient seulement, par la température graduée qu'on y entretenait, à empêcher la transition trop brusque de l'air libre et froid à la chaleur étouffante de l'étuve ou sudatorium. Ils étaient pavés en mosaïque, et ornés de corniches en stuc et d'élégantes peintures.

C'était aussi dans le tepidarium qu'ainsi que nous l'avons déjà dit, le baigneur, au sortir de l'étuve, s'asseyait sur des bancs de bois pour se soumettre aux massages, aux frictions et aux autres opérations en usage. Dans cette petite salle, la fenêtre haute de 1m 25 et large de 1m 15 était fermée par un châssis mobile en bois carbonisé auquel tenaient encore des fragments de vitres ; chaque carreau avait 0m 27 en carré. Cette salle fouillée le 14 novembre 1772 recevait la chaleur de l'étuve par une ouverture ronde revêtue de stuc, et d'un diamètre de 0m 22 ; on croit qu'elle pouvait être fermée par un carreau.

L'étuve 13 était une salle oblongue, pavée en mosaïque, terminée par un hémicycle dont le cul-de-four est formé d'une coquille de stuc et orné de petits bas-reliefs coloriés, représentant des animaux et des figures. Au fond de la niche est une fenêtre de 0m 65 sur 0m 75 ; une seconde fenêtre de même grandeur est percée au-dessus de la niche. Cette étuve servait à volonté, soit pour les bains de vapeur, soit pour les bains d'eau chaude, ainsi que le prouve une baignoire en stuc autrefois revêtue de marbre. Le sol, reposant sur des piliers de briques, suspensurae caldariorum, permettait de circuler à la vapeur brûlante, qui pouvait se répandre également dans l'épaisseur de la muraille par un espacement ménagé à cet effet, ainsi que nous l'avons déjà vu aux bains publics.

A côté du sudatorium est la pièce 14 déblayée le 10 septembre 1771 et que Mazois appelle l'officine des bains ; bien qu'elle soit très petite, on y trouve une table en pierre, une sorte de cave, un fourneau pour chauffer l'eau, trois piédestaux qui portaient des vases de bronze, enfin les traces d'un escalier de bois qui conduisait à l'étage supérieur aujourd'hui détruit. Les bains étaient alimentés par un réservoir que formait la salle 15, qui est voisine et sans issue. Revenant au péristyle, on trouve à gauche, à l'extrémité du portique, un passage, fauces 16, qui conduisait à un jardin 18, élevé au même niveau que l'aire du péristyle et duquel on descendait par vingt larges degrés à une terrasse A A, longue de 48 mètres et large de 4m 22, que Mazois croit avoir été couverte d'une treille, mais dans laquelle je pense qu'on doit plutôt reconnaître un jeu de paume ou de boules, un sphaeristerium.

Sous le corridor 16 est l'entrée d'une assez grande salle 17 qui dut être une garde-robe, à en juger par les débris d'armoires, de tablettes et d'étoffes qui s'y trouvaient, et par l'absence de toute décoration ; elle était éclairée par trois fenêtres sur le jardin. Après une petite chambre 19 dont la fenêtre ouvrait sous le portique, une anti-chambre ou procaeton 20, très richement peinte, accompagnée d'un petit cabinet, loge de l'esclave cubicularis, du valet de chambre, précède une chambre à coucher 21 qui paraît avoir été la principale de l'habitation. Cette pièce, terminée en hémicycle, était éclairée par trois fenêtres dont la vue s'étendait à la fois à l'est, au sud et à l'ouest ; chaque fenêtre était surmontée d'une plus petite, de forme carrée (1).

Contre la muraille de la partie rectangulaire sont une alcôve et un massif creux en maçonnerie autrefois revêtu de marbre, une sorte de toilette où l'on a trouvé divers flacons, phialae, et vases remplis de cosmétiques. L'alcôve était fermée par des rideaux, cortinae, retenus par des anneaux de bronze dont quelques-uns ont encore été recueillis sur place. La pièce 22 a pu servir d'office, si, comme tout porte à le croire, la salle 23 fut un triclinium d'été, ouvrant sur la galerie 24, qui règne en partie au-dessus de plusieurs salles que nous décrirons plus tard.

Le cabinet 25 est une espèce de loge pour un esclave préposé sans doute à la garde d'un escalier descendant à la partie inférieure de l'habitation , et permettant ainsi, à l'aide des portiques qui entourent le xyste, d'arriver à couvert à la porte dérobée, le posticum ouvrant sur la campagne. On voit encore quelques restes du plafond plat qui couvrait cet escalier. Quant à la pièce voisine 26, elle est tellement ruinée, qu'il est impossible d'en deviner la destination.

Continuant le tour du péristyle, nous trouvons un escalier 27 conduisant à l'étage supérieur, où dut exister l'habitation des femmes, le gynécée. A côté, après un cabinet destiné sans doute à l'esclave atriensis, est une salle de réception 28, une sorte de tablinum, ouvrant à la fois sur le péristyle et sur la galerie 24. Cette salle était, comme le péristyle lui-même, entièrement peinte en rouge avec quelques ornements d'architecture et plusieurs sujets qui ont été emportés au musée ; on y trouva les fragments d'un vase d'argent orné de figures. A gauche sont deux petites pièces 29 et 30, dont la première seule communique avec le tablinum ; Mazois a cru y reconnaître un cabinet d'étude et une bibliothèque. Deux autres cabinets 31 et 32 occupaient les extrémités de la galerie ; le dernier seul est conservé, et leur destination est inconnue. Enfin, en avant de cette même galerie, et flanquée de deux larges terrasses 34, existait une vaste salle 33 longue de 12m 60 et large de 9m 40, qui semble avoir été un de ces salons, un de ces oecus empruntés aux Grecs, auxquels on donnait le nom de cyzicènes et qui servaient à la fois de lieu de réception et de salle à manger (2). Une large baie, ouvrant presque jusqu'au sol, permettait de jouir de la vue du jardin et du délicieux panorama qu'offrait aux regards le merveilleux golfe de Naples.

L'espace 35, qui fait suite au tablinum sur le péristyle, dut être une sorte d'ala garnie de bancs où les clients attendaient les audiences particulières que le patron donnait dans le cabinet voisin 36, disposition que nous avons déjà indiquée dans la maison de Salluste. On trouva dans l'ala le squelette d'un chien, dans le cabinet trois médaillons de marbre sculptés des deux côtés, cinq masques et une table ronde d'albâtre ayant servi de fontaine, du milieu de laquelle l'eau jaillissait et s'échappait autour par dix têtes de lion. En face est une pièce 37 qui dut être une chambre d'esclave, peut-être celle de celui qui était préposé à la garde et à l'entretien du péristyle ; 38 et 39 sont également des chambres à coucher ; dans la première, la place du lit de deux esclaves était indiquée par une double alcôve ; la seconde, plus grande, était sans doute réservée à quelque serviteur d'un rang plus élevé, tel que l'intendant, le Rei domesticae procurator. Le plancher en est enfoncé.

A la suite, et la dernière autour du péristyle, est une salle 40, dont le plancher est également détruit, et la porte condamnée, et qui dut servir de logement au portier ; elle communiquait avec les communs dans lesquels nous allons descendre par l'escalier 6. A l'entrée de cet escalier fut trouvée une charmante lampe de bronze ayant la forme d'un limaçon sortant de sa coquille.

Cette partie des bâtiments était séparée du reste de l'habitation par une cour longue et étroite a qui portait le nom de Mesaula, entre-cour, et dont selon toute apparence la destination était d'empêcher la communication des incendies qui pouvaient s'allumer facilement dans les bâtiments consacrés à la boulangerie et à la cuisine. Les communs avaient une entrée b sur la rue des Tombeaux avec une sorte de vestibule triangulaire et une loge c pour un portier. Un corridor d, ayant à sa droite une resserre, conduit à une sorte d'atrium f autour duquel se trouvaient une assez grande salle g qui fut peut-être la cuisine, une petite pièce h qui put servir d'office, trois chambres i, j , h, un portique 1 soutenu par cinq colonnes, et enfin un cabinet m. Toutes ces constructions étaient tellement ruinées qu'il a été presque impossible de déterminer positivement leur destination ; aujourd'hui c'est bien pire encore, le tout ayant été converti en logement pour les gardiens. On y a trouvé un grand nombre de morceaux de verre à vitre très épais, des vases de terre, une bouteille suspendue à un clou, quatre bêches et un râteau de fer, une amphore pleine de millet, une lampe, quelques ustensiles de cuisine et le squelette d'un homme auprès de celui d'une brebis portant encore une clochette au cou.

Nous avons dit que la partie élevée de l'habitation communiquait avec la partie inférieure par un escalier 25 réservé sans doute aux maîtres, et par un corridor en plan incliné 7 destiné au service, le long duquel l'on trouve à gauche plusieurs cabinets qui durent servir de resserres. Nous arriverons sous un des portiques n, o, p, q qui entourent le jardin. Le portique n, o, ainsi que les pièces voûtées qui s'y trouvent, s'étend sous l'oecus cyzicène et sous les deux terrasses qui l'accompagnent. Il serait impossible de préciser la destination de ces diverses chambres r jadis élégamment décorées ; l'une d'elles cependant r r paraît avoir été un triclinium d'été, accompagné de son office. Parmi les peintures dont il était orné, on remarquait Uranie, Melpomène, Minerve et plusieurs danseuses. On trouva dans ces pièces du rez-de-chaussée deux squelettes dont l'un tenait 23 monnaies de bronze de Galba, l'autre une monnaie d'or de Néron, 43 deniers d'argent, quatre pendants d'oreilles en forme de quartiers d'orange, enfin une cornaline sut laquelle était gravé un char traîné par deux cerfs conduits par un génie ailé ; tous ces objets étaient réunis dans un panier d'osier.

Entre deux de ces pièces était une fontaine 3 adossée à un réservoir qui était sans doute alimenté par l'eau de la citerne. Mazois dit avoir reconnu sur la terrasse 34, qui est au-dessus de la fontaine, les traces d'un puits qui permettait de puiser dans son réservoir, traces qui ont disparu depuis dans une restauration du sol de la terrasse.

Jardin de la maison de Diomède

Les portiques n, o, p, q, surmontés de terrasses et soutenus par des piliers carrés reposant sur un stylobate, environnent le jardin de quatre côtés. Celui-ci a 33 mètres en carré ; au centre est une piscine B du milieu de laquelle s'élançait un jet d'eau ; les bords de ce bassin présentent une succession de renfoncements carrés et semi-circulaires que quelques auteurs croient avoir eu pour destination de favoriser le frai du poisson. A côté s'élevait sur deux degrés une treille C que soutenaient six colonnes dont les fûts existent encore. Le portique p q offre une petite pièce à chacune de ses extrémités ; l'une d'elles y paraît avoir été un cabinet de repos, et l'autre z un laraire, un oratoire dont la niche avait dû contenir une statuette. L'entrée de celui-ci est maintenant condamnée. Dans le premier on découvrit un squelette portant encore un bracelet de bronze et une bague d'argent.

Les deux portiques de l'est et du midi sont dans un parfait état, de conservation. Le premier n, o, consolidé par des contre-forts modernes, est de niveau avec le jardin, tandis que les trois autres sont élevés de quatre degrés pour donner de la hauteur et de la lumière aux caves dont nous parlerons tout à l'heure. A ses extrémités se trouvent deux jolis cabinets n et o richement décorés.

Cave de la maison de Diomède

Non loin du dernier, et sous le portique même, se trouve un passage u conduisant à un escalier v qui descend à un long corridor voûté, un crypto-portique, ou cella vinaria, large de 2m 60 et haut de 2m 75 qui s'étend sous toute la longueur des trois portiques h p, p q et q o. Cette galerie souterraine était éclairée à fleur de terre par des soupiraux en forme de barbacanes. C'est dans ce lieu qui servait de cave, à en juger par la quantité d'amphores à moitié ensablées qui y furent trouvées contenant encore du vin desséché, et au pied d'un petit escalier x, que s'accomplit le drame le plus déchirant que nous aient révélé les fouilles de Pompéi.

Au moment de l'éruption, dix-huit personnes adultes avec un jeune garçon et un enfant en bas âge avaient cru trouver un refuge assuré sous ces voûtes impénétrables ; des provisions qu'ils y avaient portées leurs assuraient l'existence pour quelques jours ; mais bientôt les cendres fines et brûlantes y pénétrèrent par les soupiraux, une vapeur ardente remplit la galerie ; les malheureux se précipitèrent vers la porte... il était trop tard !

Tous périrent étouffés et à moitié ensevelis. C'est là qu'on les a retrouvés au bout de dix-sept siècles le 11 décembre 1772, la tête encore enveloppée des vêtements dont ils s'étaient voilé le visage, soit pour se préserver des cendres ardentes, soit par un acte suprême de décence et de résignation. On recueillit près d'eux divers bijoux, des monnaies, un superbe candélabre, des clefs, les restes d'une cassette, un peigne double en bois, etc. Les murs présentaient encore la silhouette des cadavres, et la cendre durcie avait gardé les empreintes des seins, des bras et des épaules d'une jeune fille d'une admirable beauté. Cette intéressante victime dut être la fille du propriétaire de l'habitation, à en juger par les vêtements précieux qui la couvraient, et on voit encore sur la cendre quelques traces d'une de ces étoffes légères que Pétrone appelait du vent tissé, ventus textilis (3). Elle portait un superbe collier composé d'une chaîne d'or en filigrane décorée au milieu d'une petite plaque à laquelle sont attachées deux chaînettes terminées par des feuilles de pampre, un joli bracelet formé de deux cornes d'abondance réunies par une tête de lion, enfin deux pendants d'oreilles.

Abandonnant sa famille, et ne songeant qu'à sauver sa vie et ses richesses, le père, au lieu de chercher un asile dans le crypto-portique, avait essayé de s'échapper par la porte D ouvrant sur les champs et vers la mer au milieu du portique occidental ; mais là aussi la mort l'attendait. On a trouvé son squelette tenant encore à la main les deux clefs de sa demeure, dont une incrustée d'argent, et portant au doigt un anneau formé par un serpent à deux têtes, un amphisbène ; auprès de lui avait succombé un esclave qu'il avait chargé de quelques vases d'argent, d'un assez grand nombre de monnaies impériales ou consulaires réunies dans un morceau de toile, et d'une grande et belle lanterne de bronze aujourd'hui au musée. Enfin, à quelque distance de la maison, dans la direction de la mer, on découvrit encore neuf autres squelettes qui appartenaient peut-être à la même famille. Plus loin étaient une aire pour battre le blé, et un champ labouré dont les sillons étaient encore apparents.

Les objets trouvés dans la maison de Diomède sont innombrables ; les plus précieux sont un grand cratère de verre coloré à deux anses et un magnifique candélabre dont la base porte un génie bachique monté sur une panthère.

H. Roux, Herculanum et Pompéi (1870), t.VII, pl.5


(1)  On est frappé de l'analogie de la disposition de cette cbambre avec celle de la bibliothèque de Pline à sa villa de Laurentum : «Dans l'angle est une chambre courbée dans le fond qui par ses fenêtres suit tout le parcours du soleil. Dans le mur est ménagée en guise de bibliothèque une armoire qui contient les livres qu'on ne lit pas une fois mais que l'on doit relire souvent».
Adnectitur angulo cubiculum in apsida curvatum, quod ambitum solis fenestris omnibus sequitur. Parieti ejus in bibliothecae speciem armarium insertum est quod non legendos libros, sed lectitandos capit. (Pline le Jeune, II, 17).

(2)  «On fait encore de grandes salles d'une autre manière que celles que l'on voit en Italie, et que les Grecs appelaient cyzicènes. Ces salles sont toujours tournées au septentrion ; on fait aussi en sorte qu'elles aient vue sur les jardins et que leurs portes soient dans le milieu. Ces salles doivent être assez larges pour contenir deux tables à trois lits opposées l'une à l'autre, avec la place nécessaire pour le service. Elles ont, à droite et à gauche, des fenêtres qui ouvrent comme des portes, afin que de dessus les lits on puisse voir les jardins». (Vituve, VI, 3).
L'oecus de Pompéi est tourné à l'ouest et non au nord ; mais Vitruve lui-même dit quelques lignes plus loin qu'il faut bien se plier aux exigences des localités.

(3)  Satyricon, 55.