L'index suivant se contentera de mettre en relief les variations les plus importantes des auteurs de la tradition tardo-latine et médiévale par rapport à la mythologie traditionnelle.


Achille

Homère chante la μηνις ουλομενη d'Achille, en l'associant à l'histoire de Chrysès, et sa vengeance envers Hector qui a tué Patrocle. Le premier de ces deux arguments a une cause très différente chez les auteurs tardo-latins et médiévaux : Achille s'éloigne de la guerre parce qu'il est tombé amoureux de la belle Polyxène, la plus jeune des filles de Priam, qu'il aurait connue, selon Darès, lors des cérémonies célébrées par les Troyens un an après la mort d'Hector ; selon Dictys et ses épigones Benoît de Sainte Maure, Guido delle Colonne et Johannes Malalas, il l'aurait rencontrée lorsque Priam, Andromaque avec ses petits, et Polyxène se rendirent sous sa tente demander le corps d'Hector. Achille, pour l'avoir comme épouse, promit de quitter les Grecs, mais Priam voulait qu'il combattît aussi contre eux. Lorsque Achille, irrité par ces délais, tua Troïlus, Pâris et Déiphobe, pour se venger, le firent venir au temple d'Apollon Thymbrée sous prétexte de célébrer ses noces avec Polyxène et le tuèrent. A la fin de la guerre, Polyxène, comme le voulait Calchas pour faire cesser les tempêtes, fut sacrifiée par Néoptolème sur le tombeau de son père et Enée, qui l'avait cachée, fut exilé.

Ajax fils de Télamon

Lors de la première destruction de Troie par les Argonautes, Hercule donna à Télamon, qui était entré le premier dans les murs, Hésione, fille de Laomédon. Télamon ne l'épousa pas, mais en fit sa concubine. Priam, pour se venger, ordonna à Pâris d'enlever une princesse grecque : ce fut Hélène. Quelques auteurs font d'Hésione la mère d'Ajax, mais la plupart en font le fils de Péribée. Le duel entre Ajax et Hector, chanté par Homère et conclu par un échange de cadeaux, connaît un développement imprévisible chez les auteurs tardo-latins et médiévaux : pendant le duel, Hector et Ajax se reconnaissent comme cousins et Hector renonce courtoisement à incendier les nefs grecques, ce qui aurait sûrement donné la victoire aux Troyens. La guerre finie, la tradition classique consacrée par Sophocle parlait de la querelle entre Ajax et Ulysse à propos des armes d'Achille ; les auteurs tardo-latins et médiévaux attribuent ces armes à Néoptolème, mais les deux héros se disputent le Palladium volé aux Troyens. Les Atrides proclament Ulysse vainqueur : Ajax se tue, mais l'armée grecque se révolte et donne le talisman à Diomède, qui le transmettra plus tard à Enée. Darès et ses épigones parlent d'un duel d'Ajax contre Pâris : tous les deux mourront à cause de leurs blessures, mais Ajax réapparaît lors de la querelle du Palladium... Darès est plus cohérent, il ne parle pas du talisman.

Anchise

A la différence de Virgile, les auteurs tardo-latins et médiévaux font de lui un traître, avec Anténor et Enée.

Andromaque

L'adieu à Hector est très amplifié par les auteurs tardo-latins et médiévaux : ils parlent d'un songe prémonitoire d'Andromaque, qui tâche, mais sans y parvenir, de persuader son mari de ne pas sortir de Troie. Mais au lieu d'un duel, comme chez Homère, ils parlent d'une embuscade. Priam se rend sous la tente d'Achille pour racheter le corps d'Hector avec Andromaque, Astyanax et Polyxène, dont le héros tombe amoureux. Une fois la guerre finie, le traître Anténor obtient pour elle, Cassandre et Hélénus (lui aussi soupçonné de trahison) de partir avec Néoptolème, comme dans le cycle homérique et chez Virgile.

Anténor

Homère en parle comme d'un vieux et savant conseiller de Priam, mais les auteurs tardo-latins et médiévaux s'accordent à en faire un traître, avec Enée : il livre le Palladium aux Grecs et reçoit en échange la moitié du royaume de Priam, en gardant toutes ses richesses et naturellement la vie. Il obtient aussi d'Agamemnon, à la fin de la guerre, de sauver Andromaque et Cassandre, mais il livre à Agamemnon la pauvre Polyxène, qu'Enée avait cachée. Bien des Troyens survivants le suivront à la fin de la guerre.

Antiloque

Antiloque, le jeune fils du vieux Nestor, a un rôle secondaire chez Homère (qui toutefois parle de son profond attachement pour Achille : s'agirait-il d'un autre amour du fils de Pélée ?) ; l’auteur de l’<i>Éthiopide</i> le fait mourir avec lui de la main de Memnon sous les murs de Troie, et Achille le venge en tuant ce fils d’Aurore. Tous « nos » auteurs racontent, au contraire, qu’il accompagna Achille au temple d’Apollon lors du fatal guet-apens et qu'il y trouva la mort lui aussi.

Les Argonautes - Jason et Médée

Dictys (en bon soldat grec, comme il se dit) et Jean Malalas ne font aucune allusion à la première destruction de Troie par les Argonautes et présentent Pâris et les Troyens comme les seuls responsables de la guerre ; au contraire Darès et ses épigones médiévaux, Benoît de Sainte-Maure et Guido delle Colonne, accordent un grand développement à l'entreprise d'Héraclès et de Jason, ce qui figurait peut-être déjà dans le cycle. Pour eux, l'enlèvement d'Hélène est la réponse troyenne à Télamon, qui avait fait d'Hésione sa concubine, et à Jason qui avait enlevé Médée. Mais les séductions de Médée, d'Hélène et de Briséis sont pour ces auteurs l'occasion d'amplifications et de contaminations dont la source première est sans doute Ovide, et il est tout à fait singulier de constater qu'à propos de Médée ils paraissent ignorer du tout ce qui se trouve dans la tragédie d'Euripide. Par ailleurs, Pélias est confondu bizarrement avec Pélée, ce qui étonne naturellement les lecteurs mais pas les habitués de ces mécanismes tout à fait médiévaux.

Briséis

Elle est l'objet de modifications particulières de la part des auteurs médiévaux, sans aucune médiation de Darès et Dictys, mais peut-être de Jean Malalas, le chroniste byzantin du VIe siècle, le seul qui raconte qu'elle ne fut pas mise par Achille, épris d'elle, dans le butin à partager, mais qu'il la cacha sous sa tente. Agamemnon avait reçu Chryséis, mais quand il fut obligé de la rendre à Chrysès, il put réclamer à bon droit contre Achille. Malalas ajoute aussi qu'elle revint à Achille lors de la réconciliation, mais mourut de maladie peu après. Mais c'est à Benoît de Sainte-Maure qu'il faut arriver pour faire de Briséis la fille de Calchas éprise de Troilus, le fils de Priam qui sera tué par Achille, et plus tard de Diomède auquel elle se donne sans souci. Les variations de Benoît passeront à travers toute la littérature européenne, de Chaucer à Boccace et jusqu'à Shakespeare.

Calchas

Pour Darès, Dictys et leurs épigones médiévaux, c'était un devin troyen que Priam envoya à Delphes (que Benoît et Guido confondent volontiers avec Délos) pour demander à Apollon comment finirait la guerre. Il y arriva en même temps qu'Achille et Patrocle, envoyés dans la même intention par les Grecs. Mais Apollon répondit à Calchas d'abandonner les Troyens et de passer aux Grecs, qui l'emporteraient au bout de dix ans. Calchas obéit au dieu et Achille le prit sous sa protection. D'autre part, Benoît et Guido font de lui le père de Briséis, ce qui aura un grand poids dans la littérature européenne jusqu'à Shakespeare.

Castor et Pollux

Les deux jumeaux mythiques, frères de Clytemnestre et Hélène, n'ont plus rien de divin dans la tradition tardo-latine. Ils sont uniquement les frères d'Hélène, ont pris part à la première destruction de Troie et refusent la demande d'Anténor de rendre Hésione. Lors de l'enlèvement d'Hélène, ils partent immédiatement rejoindre Pâris, mais ils sont victimes d'une tempête et on ne saura plus rien d'eux.

Cassandre

Les sources, classiques et tardives, font d'elle une fille légitime de Priam et Hécube. Elle refusa l'amour d'Apollon, après l'avoir accepté ; et le dieu lui accorda le don de prophétie, mais lui refusa celui d'être crue. Les auteurs tardo-latins et médiévaux ajoutent qu'elle tâcha en vain de contrecarrer les entreprises de Pâris et les fautes de Priam. Son charme était grand pour les dieux et pour les hommes : Homère et Virgile, suivis par les écrivains postérieurs, parlent souvent de ses amours. Mais son viol par Ajax fils d'Oïlée dans le temple d'Athéna est moins net pour nos auteurs. Enfin son attribution à Agamemnon et sa mort de la main d'Egisthe à Mycènes sont enrichies de variations particulières et intéressantes, qui dans certains cas pourraient remonter au cycle homérique.

Déiphobe

Le jumeau d'Hélénus était aussi différent de son frère en caractère que semblable à lui en apparence. Les auteurs tardo-latins et médiévaux parlent beaucoup de lui, surtout à propos du guet-apens organisé avec Pâris pour tuer Achille au temple d'Apollon, ainsi que de sa mort. Darès raconte qu'il mourut en héros combattant contre Palamède, tué à son tour par Pâris, tandis que Dictys et ses épigones Benoît de Sainte-Maure et Guido delle Colonne suivent Virgile : lorsque Pâris est tué par Philoctète, Priam marie Hélène à Déiphobe et Hélénus, déçu, passe aux Grecs. Mais Déiphobe, au cours de la nuit fatale, sera torturé et mis à mort par Ménélas sous les yeux d'Hélène.

Diomède

Les auteurs tardo-latins et médiévaux parlent de Diomède bien autrement qu'Homère : il soustrait Briséis à Troïlus, organise avec Ulysse le guet-apens contre Palamède et avec Anténor le vol du Palladium, se conduit de manière arrogante au cours des ambassades, propose de jeter Penthésilée dans le Scamandre pour avoir osé combattre contre des hommes... Il sera justement puni lors de son retour à Argos, où sa femme l'a trahi : elle l'oblige à se réfugier en Italie, où rencontrera Enée et lui rendra le Palladium qui protègera Rome, la nouvelle Troie.

Hector

Hector ne joue pas, chez les écrivains tardo-latins, byzantins et médiévaux, un rôle différent de celui qu'il a chez Homère : c'est le plus fort des guerriers de Troie, il voudrait la paix, mais accepte et soutient la guerre. Andromaque prévoit sa mort de la main d'Achille et tâche en vain d'éviter son départ, mais le héros ne se soustrait pas à sa destinée et mourra dans un guet-apens, avant d'avoir rencontré Penthésilée, la reine des Amazones éprise de lui.

Hécube

Les auteurs tardo-latins et médiévaux soulignent le bon accueil qu'elle fit à Pâris, en le reconnaissant, et à Hélène. Et pourtant, songes prémonitoires et prophéties auraient dû lui conseiller plus de prudence. C'est elle qui, pour venger la mort d'Hector et de Troïlus, organise le guet-apens fatal à Achille dans le temple d'Apollon Thymbrée ; au cours de la nuit funeste, elle confie Polyxène à Enée, tout en sachant qu'il avait trahi ; mais lorque la jeune fille est découverte par Anténor et sacrifiée à Achille par Néoptolème, Hécube devient folle et est lapidée par les Grecs.

Hélénus

A partir du cycle, ce fils de Priam, jumeau de Cassandre (ou de Déiphobe, selon d'autres sources) lui aussi doué d'esprit prophétique, est souvent accompagné de la renommée de traître. Même Virgile, dans l'épisode où il rencontre Enée, en parle comme d'un souverain, nouveau mari d'Andromaque, ce qui laisse à penser que les Grecs l'ont traité de façon particulière. Cette tradition est reprise par Darès, Dictys et leurs épigones médiévaux, Benoît de Sainte-Maure et Guido delle Colonne, tandis que Jean Malalas n'en parle pas. Ils racontent qu' Hélénus abandonna les Troyens, parce qu' il savait que la ville allait être détruite, mais aussi parce qu'il désirait épouser Hélène après la mort de Pâris, alors que Priam la maria à Déiphobe. A vrai-dire, Dictys ajoute qu'il était fort troublé par le guet-apens sacrilège de Paris et Déiphobe contre Achille dans le temple d'Apollon, dont il était prêtre. En effet sa trahison aurait consisté surtout dans la révélation que Troie ne tomberait que si l'on volait le Palladium et les autres talismans, révélation qu'il fit lorsqu'il fut capturé par Ulysse.

Iphigénie

Darès n'en parle pas, tandis que Dictys et ses épigones Benoît de Sainte-Maure et Guido delle Colonne suivent la version traditionnelle. Mais il faut souligner que Jean Malalas, à propos de son retour en Grèce avec Oreste et la statue d'Artémis, la fait arriver en Palestine (!) et sacrifier une vierge pour rendre les divinités propices à la fondation récente d'une ville...

Laomédon, Hésione et la première destruction de Troie

Le père de Priam a, dans les oeuvres tardo-latines et médiévales, une importance considérable. En effet, se ralliant à Hérodote, Darès et ses épigones posent la question des enlèvements de femmes célèbres de part et d'autre de la Grèce et de l'Asie. Laomédon, qui avait refusé d'accueillir les Argonautes au cours de leur voyage vers Colchos, paiera son arrogance de sa vie et de la première destruction de Troie. Télamon considérera toujours Hésione comme une proie de guerre et en fera sa concubine, se refusant toujours à la rendre à Priam ou à faire d'elle sa femme légitime. Et pourtant, Pâris et Priam croiront que l'enlèvement d'une reine grecque, Hélène, constitue une vengeance tout à fait légitime. La seconde destruction de Troie est la conséquence de la première, et il est tout à fait cohérent que Dictys et Jean Malalas, en bons " grecs ", commencent leur récit directement avec l'histoire de Pâris et d'Hélène.

Oenone

Nombre de témoignages classiques, et quelques-uns plus tardifs, évoquent le premier amour de Pâris, Oenone, une nymphe fluviale qui vivait sur l'Ida. Pâris l'épousa et lui répétait qu'il ne la quitterait jamais, mais elle lui répondait d'une voix prophétique qu'un jour il lui préférerait une étrangère, qu'il serait blessé, et qu'elle seule le guérirait. En effet Pâris la quitta pour Hélène et pendant la guerre fut blessé mortellement par Philoctète. Alors il se souvint d'Oenone, mais elle refusa de l'aider, puis se repentit trop tard et se tua, en se pendant ou en se jetant dans les flammes du bûcher.

Palamède

Dans les sources tardo-latines et médiévales, peut-être liées au Cycle homérique, on note sa rivalité avec Agamemnon pour le commandement des troupes, et avec Ulysse qui, de mèche avec Diomède, en cause la mort par un guet-apens, une ruse ou une fausse accusation de trahison. Mais Darès et ses épigones racontent qu’il mourut en duel contre Pâris, qui voulait venger Déiphobe qu'il avait tué, ce qui constitue une version tout à fait différente de celle des classiques et de Virgile. La vengeance de son père Nauplius causa le naufrage de Capharée et les jalousies des femmes d’Agamemnon et Diomède lors du retour en Grèce.

Le Palladium

Selon Dictys (Darès ne parle pas du Palladium), Benoît de Sainte-Maure et Guido delle Colonne qui le suivent dans la section finale de leurs oeuvres, Anténor persuada sa femme Theanô, prêtresse d'Athène, de lui confier le talisman qu'il livra à Ulysse et Diomède. Il est curieux de constater que Guido parle d'un prêtre d'Athéna, et non pas d'une prêtresse, mais peut-être est-ce uniquement à cause d'un nom mal indiqué dans les manuscrits. Le Palladium, et non plus les armes d'Achille qui passèrent à son fils Néoptolème, fut l'objet de la querelle entre Ajax et Ulysse : pour une fois, les écrivains médiévaux sont plus cohérents que les grands maîtres classiques. Le talisman passe enfin à Diomède, qui le donnera à Enée, lors de son arrivée en Italie, pour assurer à Rome, la nouvelle Troie, l'inviolabilité anéantie par la trahison d'Anténor et Enée.

Pâris-Alexandre

Les auteurs classiques en parlent en mal, et Dictys garde cette ligne. Mais Darès et ses épigones, Benoît de SM et Guido delle Colonne, font de lui un héros capable de combattre avec courage, surtout après la mort d'Hector. Cependant ils ne cachent pas ses fautes : l'enlèvement d'Hélène et le guet-apens monté contre Achille avec Déiphobe. Ils mentionnent çà et là sa relation avec Hélène, et son histoire avec Oenone, la nymphe qu'il aimait et qui refuse d'abord de le soigner lorsqu'il est mortellement blessé par Philoctète : puis elle s'en repent et se pend à un arbre (l'histoire dépend beaucoup d'Ovide, mais on la trouve chez Apollodore). Une autre version le fait mourir dans le duel contre Ajax, qui cependant, blessé par Pâris, mourra lui aussi, avant de réapparaître dans l'épisode de la querelle à propos du Palladium... Quandoque bonus dormitat Homerus !

Patrocle

Les auteurs tardo-latins et médiévaux le font tuer par Hector aux premiers jours de la guerre, et minimisent son influence sur les événements. Les armes d'Achille, qui ne sont pas d'origine divine, ne sont jamais revêtues par lui.

Penthésilée

En se ralliant au cycle, les auteurs tardo-latins et médiévaux racontent que la reine des Amazones était éprise d'Hector sans le connaître, mais arriva à Troie lorsque le héros était déjà mort. Elle lutta vigoureusement contre Achille, ou selon d'autres contre Néoptolème, et fut tuée au cours de ce combat ; les Grecs la jetèrent dans le Scamandre encore vivante, parce qu'elle avait osé, femme, combattre contre des hommes. Mais Anténor obtint la restitution de son corps, lors des conditions de la fausse paix. Après sa mort, les Troyens eurent peur que les Amazones ne s'alliassent avec Achille. Peut-être par pudeur, il n'y a aucune trace dans les auteurs tardo-latins et médiévaux de l'amour irrépressible qu'Achille éprouva pour Penthésilée après l'avoir mortellement blessée, et dont on a témoignage depuis le cycle jusqu'à Nonnos et Servius.

Philoctète

Par rapport à Sophocle, la tradition tardo-latine, byzantine et médiévale présente des différences remarquables. Darès reprend la notice d’Hygin selon laquelle le héros avait pris part à l’expédition des Argonautes : il pouvait donc servir de guide à Troie. Dictys et Malalas soulignent, en bons "Grecs", son amitié pour les Grecs et ne présentent donc pas comme un exil forcé ce qui devient au contraire chez eux une période où il soigne sa blessure purulente ; enfin son duel victorieux contre Pâris permettra la conquête de Troie. Servius, au contraire, fait remarquer sa trahison envers Héraclès et me paraît émettre, comme Virgile, un jugement "philotroyen » contre ce personnage.

Polydore

Pour Homère il est le fils de Priam et Laotoé, tué sans pitié par Achille comme son frère Lycaon. Euripide, Virgile et Ovide, et naturellement leurs scholiastes, en font le dernier fils de Priam et Hécube, tué par avidité par son beau-frère Polymestor. D'un grand intérêt est la fable où Hygin parle de la substitution qu'effectue Ilione entre son fils et son frère Polydore. La tradition tardo-latine et médiévale, et cette fois aussi le chroniste byzantin Jean Malalas, racontent au contraire que Polydore fut livré à Ajax par Polymestor lorsque le héros saccageait sa terre. Les Grecs le montrèrent enchaîné aux Troyens, et proposèrent un échange avec Hélène ; mais les frères de Polydore et le pieux Enée s'y opposèrent, et le petit fut lapidé sous les yeux désespérés de Priam et d'Hécube.

Polyxène

Homère n'en parle jamais, mais les autres sources classiques, à partir du cycle, racontent son histoire de manière globalement uniforme. Beaucoup de notices se trouvent dans les scholiastes d'Euripide et de Virgile, et les auteurs tardo-latins et médiévaux ne font qu'amplifier les détails pathétiques. Achille la vit pour la première fois ou bien lors d'une cérémonie en l'honneur d'Apollon, ou bien pendant la guerre (elle y assistait du haut des murs de Troie) et donc avant la mort d'Hector, ou bien encore plus tard, quand elle se rendit avec Priam et Andromaque racheter le corps d'Hector. De toute manière, Achille en tomba amoureux, et envisagea de trahir les Grecs pour l'épouser. Après la mort de Troïlus, Hécube persuada Pâris et Déiphobe de dresser une embuscade contre Achille, à l'insu de Polyxène. Après la chute de Troie, tandis qu'Euripide et Ovide font sacrifier la vierge en terre de Thrace, Virgile et les autres sources situent l'événement sous les murs de la ville incendiée ; et, suivant Darès, Benoît de Sainte-Maure et Guido delle Colonne racontent en détails l'épisode pendant lequel la pauvre Polyxène, cachée en vain par Enée, sera découverte par Anténor et livrée à Néoptolème.

Priam

Les auteurs tardo-latins et médiévaux ajoutent à propos de Priam l'histoire de la nouvelle Troie et ses réactions à la trahison d'Anténor et Enée. Ils en parlent comme d'un vieux faible, proie de la volonté de ses fils, en amplifiant les aspects pathétiques des événements.

Télémaque et Télégonos

Le récit des auteurs tardo-latins et médiévaux, sauf Darès qui n'en parle pas, est lié au cycle homérique, particulièrement à la Télégonie. Ulysse savait que son fils le tuerait, et se méfiait évidemment de Télémaque, sans plus penser à sa vieille relation avec Circé, dont était issu Télégonos. Celui-ci, une fois grand, partit à la recherche de son père, arriva en Ithaque mais les gardes d'Ulysse l'empêchèrent de s'en approcher. Le jeune homme se révolta et blessa mortellement Ulysse dans un affrontement. Avant de mourir, ce dernier reconnut son fils et comprit sa faute fatale. Le cycle continuait avec les liens incestueux entre Télégone et Pénélope, et aussi Télémaque et Circé : mais ces événements ne sont pas repris par les épigones médiévaux. Au contraire, ils répètent l'affirmation du cycle selon laquelle Télémaque épousa Nausicaa.

Troïlus
C'est le plus jeune et le plus beau des fils de Priam et d'Hécube, mais on dit de lui que son véritable père serait Apollon. Son courage et sa valeur au combat n'étaient surpassés que par Hector. Le Cycle avance sa mort de la main d’Achille aux premiers jours de la guerre, et lie son nom à celui de Briséis et Chryséis : à partir du Roman de Troie, celles-ci seront mentionnées comme filles de Calchas et, alternativement, protagonistes d’une célèbre histoire d’amour et de jalousie avec Troïlus et Diomède. Homère et Quintus de Smyrne lui font affronter en duel Achille, désireux de venger la mort de Patrocle, tandis que Dictys et Malalas remarquent l’irritation du héros devant le retard que met Priam à livrer Polyxène. Les auteurs tardo-latins et médiévaux, se référant à Ibycus, parlent au contraire d'un guet-apens au temple d'Apollon Thymbrée ou au cours d'une bataille, et c'est Achille qui passe alors pour un couard. Achille même aurait été séduit par sa beauté et l’aurait possédé après sa mort, comme il aurait fait avec Penthésilée.

Ulysse

Le portrait d'Ulysse par les auteurs tardo-latins et médiévaux ne diffère pas trop du récit d'Homère, sauf en ce qui concerne le vol du Palladium et la dispute avec Ajax. Sont évoqués en détails le récit du retour du héros en Ithaque, et celui de sa mort de la main de Télégonos, le fils qu'il avait eu de Circé. Jean Malalas, en particulier, lui fait raconter les Apologues au roi de Crète Idoménée, suivant en cela les traces d'Homère, mais avec une formulation évhémériste qui fait de Calypso et Circé des princesses et de Polyphème un roi pas trop mauvais. Le lien avec le cycle paraît évident.